Quelquesphotos prises au hasard lors de mon dernier voyage à Kathmandu. C'était en 2007 ! Publié par Jacqueline Maquet à 14:33 Aucun commentaire: Envoyer par e-mail BlogThis! Partager sur Twitter Partager sur Facebook Partager sur Pinterest. mardi 14 décembre 2021. A la mangeoire ce midi ! Sitelles torchepots. Mésange bleue. Publié par
1 ça marche bien dâĂȘtre seul » prĂ©vient Bruno, en invitant toutefois Robert Ă partager son camion et sa vie errante. Ă Robert qui sâinquiĂšte du lieu de son domicile, il rĂ©pond que le camion est immatriculĂ© Ă Munich, câest lĂ quâil lâa achetĂ© deux ans plus tĂŽt. Ă dĂ©faut de se reconnaĂźtre un foyer dans cette Allemagne quâil traverse, Bruno â rĂ©parateur ambulant de projecteurs de cinĂ©ma â adopte le lieu de provenance de son vĂ©hicule par un phĂ©nomĂšne significatif de transfert dâorigine, du camion vers lui-mĂȘme. LancĂ© en voiture dans une course folle, Robert a dĂ©chirĂ© une photo avant de finir sa trajectoire dans le fleuve, puis regardĂ© le toit de la voiture sâĂ©vanouir dans lâeau, nâayant sauvĂ© rien quâune valise. Il en videra plus tard le contenu dans une poubelle. La photo Ă©tait celle dâune maison. 1 Psaume CXXVII, traduction de Louis Segond, 1910 2 - Les femmes ! Font chier ! » fit le grand forçat. » FAULKNER, 2000 245 2Il y va ici et lĂ dâun dĂ©pouillement, celui dâune maison qui nâest plus ni Heimat â cette patrie des pĂšres coupables â ni mĂȘme Bleibe â cette demeure introuvable des femmes et des mĂšres â, qui nâest plus quâun espace vide autant quâun temps mort pour ces deux hommes rĂ©duits Ă longer la frontiĂšre entre deux Allemagnes, entre deux foyers impossibles Ă investir â imprimerie du pĂšre de lâun, maison de la mĂšre de lâautre â. Robert a sauvĂ© du naufrage un livre un traitĂ© de psychologie de lâenfant. Plus tard, on saura que sa profession est Ă lâintersection de la pĂ©diatrie et de la linguistique. Le livre est une Ă©dition française. On verra Bruno, pour sa part, se plonger dans un livre en langue anglaise The Wild Palms de William Faulkner. Chacun transporte un livre dans une langue Ă©trangĂšre, nouveau refus dâappartenance, cette fois Ă la langue maternelle. Le choix du roman de Faulkner est riche de rĂ©sonances. Tout dâabord son titre â primitivement, suivant le choix de lâauteur If I forget Thee, Jerusalem en rĂ©fĂ©rence Ă la captivitĂ© des HĂ©breux Ă Babylone â fait allusion au dĂ©racinement Comment chanterions-nous les cantiques de lâEternel / Sur cette terre Ă©trangĂšre ? / Si je tâoublie, JĂ©rusalem »1. DĂ©racinement que les personnages wendersiens expĂ©rimentent au cĆur de la terre natale. Ensuite, par sa structure le roman se compose de deux intrigues en parallĂšle, apparemment indĂ©pendantes, â Wild Palms » les amours tragiques de deux amants et Old Man » les aventures dâun forçat lors dâune crue du Mississipi â structure sur le mode de la coupure Ă laquelle la frontiĂšre renverra aussi. Enfin, les derniers mots du roman â du moins ceux de Wild Palms », ceux de Old Man » Ă©tant leur pendant ironique2 â sâaccordent particuliĂšrement aux personnages wendersiens Entre le chagrin et le nĂ©ant, je choisis le chagrin. » Faulkner, 2000 234 Robert, le kamikaze », en symĂ©trique de Bruno, est celui qui choisit le nĂ©ant, ou plutĂŽt voudrait choisir le nĂ©ant, sa course suicidaire se terminant sans grands dommages dans les eaux de lâElbe. Le chagrin, en revanche, câest le prix Ă payer de cette facultĂ© humaine qui va les travailler la mĂ©moire Ă©ternelle et inĂ©vitable, aussi longtemps quâil y aurait une chair pour la titiller. » Faulkner, 2000 233 Wild Palms peut passer inaperçu dans lâimage, ce nâest que le dĂ©tail de la couverture dâun livre de poche qui nâaccĂšde mĂȘme jamais au gros plan. Mais Wenders, nous le verrons, est particuliĂšrement soucieux de la prĂ©sence de ce genre de dĂ©tails, peut-ĂȘtre davantage pour lui-mĂȘme â comme indices de la fabrication du film, symptĂŽmes de sa sĂ©dimentation â que pour le spectateur. DĂ©racinement, division, incapacitĂ© Ă vivre en couple sans que mort sâensuive, ruminations de la mĂ©moire Wild Palms fertilise singuliĂšrement la trajectoire des hĂ©ros, ou plutĂŽt, comme a pu lâĂ©crire BarthĂ©lĂ©my Amengual, des anti-hĂ©ros Les premiers anti-hĂ©ros de Wenders â ils ont, entre 1970 et 1975 lâĂąge de lâauteur, la trentaine â sont les enfants nĂ©vrosĂ©s dâune histoire spĂ©cifique, les hĂ©ritiers dâune Allemagne tombĂ©e en morceaux. » Amengual, 1997 288 3Au gĂ©nĂ©rique, Wenders nous dĂ©crit les conditions de fabrication du film en noir et blanc, au format 1/1,66 et son direct, tournĂ© en onze semaines du 1er juillet au 31 octobre 1975, entre LĂŒneburg et Hof, le long de la frontiĂšre de la RDA. Wenders pour tout scĂ©nario nâavait quâune carte routiĂšre, le projet du film tenant dans ce pĂ©riple en lisiĂšre dâune frontiĂšre au cĆur mĂȘme du pays natal. La frontiĂšre nâest pas ici simple dĂ©limitation gĂ©ographique, mais cicatrice dâun traumatisme historique qui, constamment, fait retour. Dans ce no manâs land intĂ©rieur â au sens gĂ©ographique comme psychologique â, les seuls repĂšres de cette odyssĂ©e singuliĂšre seront ces salles de cinĂ©ma, vides et menacĂ©es de disparition. Si le théùtre dâombre est ranimĂ©, momentanĂ©ment, Ă lâattention dâun public dâenfants impatients dâune projection Ă laquelle ils nâassisteront pas, faute de matĂ©riel en Ă©tat, lâultime Ă©tape du voyage sera un Ă©cran blanc, ce Weisse Wand, espace vide en attente dont lâenseigne WW signature cryptĂ©e de lâauteur, brille de cette aspiration dâune identitĂ© qui viendrait sây inscrire. 4Robert a lancĂ© sa voiture dans le fleuve, aprĂšs avoir dĂ©chirĂ© la photo de sa maison, et Bruno devra traverser un autre fleuve pour sâapprocher de celle de son enfance. Les seuils sont ici symboliques fleuve qui sĂ©pare de la maison de la mĂšre, passage Ă niveau quâil faut franchir pour accĂ©der Ă lâimprimerie du pĂšre Ă dĂ©faut dâĂȘtre matĂ©rialisĂ©s par une porte. Tenir dans ses bras une porte » Ponge, 1988 44 ironise le poĂšte, faisant de ce supposĂ© banal objet de transition un inattendu objet de dĂ©sir, et câest bien dâun dĂ©sir inassouvi que la porte se charge ici. Quelque chose du cinĂ©ma se joue dans lâacte de franchir une porte point de raccord dâun intĂ©rieur et dâun extĂ©rieur, le passage de porte est le lieu de toutes les manipulations, de toutes les libertĂ©s. Ici, tenir dans ses bras une porte â et le raccord qui va avec â ne va pas de soi. Le traditionnel raccord sur lâouverture de porte est curieusement Ă©vitĂ© ou dĂ©samorcĂ©. Par le contre-jour radical lorsque la porte la plus manifestement tenue dans les bras sâouvre sur Robert, porte dâun cinĂ©ma vide dans lâencadrement de laquelle la silhouette se dĂ©coupe, avant dâĂȘtre happĂ©e par lâobscuritĂ©. Par le geste violent lorsque Bruno rentre dans la maison de son enfance, en en franchissant le seuil par la grĂące du montage qui le pousse du dehors au-dedans. Lâaventure qui laissait augurer de lâinvestissement nostalgique du lieu, se solde par un franchissement dans lâautre sens celui dâune masse, jetĂ©e au travers de la vitre. Ailleurs, câest le plan dâextĂ©rieur qui manque, comme dans le cas de lâimprimerie du pĂšre de Robert la camĂ©ra ne franchit pas le seuil en articulant par le montage dehors et dedans, mais attend, Ă lâintĂ©rieur, lâarrivĂ©e de Robert puis celle de Bruno. Si des portes sâouvrent, les lieux quâelles offrent Ă la conquĂȘte des personnages wendersiens ne peuvent ĂȘtre investis et restent de fait, des non-lieux maison de lâenfance, imprimerie du pĂšre, cinĂ©mas Ă la dĂ©rive⊠La porte arriĂšre du camion se ferme de lâintĂ©rieur, permettant au spectateur dâentrevoir avant que lâobscuritĂ© ne se fasse, le mot HermĂšs » se reconstituer par la rĂ©union des deux battants par inversion, le nom du messager sâinscrit Ă lâintĂ©rieur du camion, comme un secret bien gardĂ©. 5Le seuil peine dĂ©sormais Ă dĂ©limiter ces intĂ©rieurs dĂ©sertĂ©s de ces extĂ©rieurs indiffĂ©renciĂ©s bourgs dont quelques enfants sont les derniers occupants, villes Ă lâabandon qui semblent surgies de quelque catastrophe. Usines dĂ©saffectĂ©es oĂč traĂźnent les fantĂŽmes tel cet homme dĂ©semparĂ© dont la femme vient de jeter sa voiture contre un arbre et qui lance des dĂ©bris de poussiĂšre dans un silo rouillĂ©, prĂ©sence spectrale au cĆur de la nuit. Vallons sans caractĂšres, ni vraiment ruraux â mĂȘme si on y croise quelques moutons â ni vraiment urbains, ou paysages pĂąles oĂč le corps ne laisse plus que la trace organique de son passage, comme le signe du refus de toute appartenance, comme si câĂ©tait ce quâil restait Ă faire sur cette terre Ă©trangĂšre. Nous sommes lĂ face Ă ce que Gilles Deleuze dans CinĂ©ma 1 lâImage-mouvement appelle des espaces quelconques. Leur indiffĂ©renciation et leur vacuitĂ© en font lâexpression privilĂ©giĂ©e des affects. Le paysage renvoie alors Ă lâintĂ©rioritĂ© des personnages et le voyage Ă la conscience. Dans Emotion Pictures, Wenders reprend Ă son compte les prĂ©conisations de Ronald D. Laing Nous sommes socialement conditionnĂ©s Ă considĂ©rer comme normale et saine une totale immersion dans lâespace et le temps extĂ©rieurs. ⊠Or, il me semble beaucoup plus sensĂ©, beaucoup plus nĂ©cessaire, beaucoup plus urgent dâentreprendre lâexploration de lâespace et du temps intĂ©rieurs de la conscience. Peut-ĂȘtre est-ce lĂ lâune des rares choses qui aient encore un sens dans notre contexte historique. » Laing, 1988 30 Il y a alors lâidĂ©e dâun franchissement au sein mĂȘme de la matiĂšre cinĂ©matographique, les films Ă©tant, suivant Wenders rĂ©alisĂ©s de lâintĂ©rieur vers lâextĂ©rieur ». Wenders, 1990 91 3 HOMERE OdyssĂ©e chant XVII 11-54 6Ce que cette intĂ©rioritĂ© et cette conscience manifestent, câest le refus dâappartenance. Peter Handke, Ă propos de Faux Mouvement 1975 Ă©nonce littĂ©ralement cette incapacitĂ©, dorĂ©navant, Ă pĂ©nĂ©trer des maisons qui, apparemment, nâont rien de changĂ© Les rues Ă©troites dâune ville, peut-ĂȘtre encore extĂ©rieurement semblable Ă celles de Goethe, avec des maisons Ă colombages, mais lĂ , par exemple, on ne peut plus entrer dedans pour de bon. » Wenders, 1990 22 Dans Au Fil du temps, personne nâarrive plus Ă entrer dedans pour de bon », les personnages â et pas seulement Bruno et Robert â prĂ©fĂšrent habiter ailleurs que dans des lieux dâhabitation. Significativement, il nây a plus de maison oĂč dormir, non par manque mais par aversion, semble-t-il. Bruno et Robert dorment dans le camion, bien sĂ»r, mais Ă©vitent de dormir dans la maison de lâenfance et prĂ©fĂšrent un tas de sable ; Bruno et la jeune caissiĂšre partagent une nuit dans lâarriĂšre-salle dâun cinĂ©ma ; le pĂšre de Robert dort dans son imprimerie⊠Il semble quâil nây ait plus de lieux en Allemagne oĂč dormir, auxquels appartenir, plus de lieux Ă investir, tel un hĂ©ros de lâOdyssĂ©e puis il entra en franchissant le seuil de pierre »3. 7Si le seuil nâest plus, cinĂ©matographiquement, le lieu dâun passage, câest que pour ces jeunes Allemands, lâappartenance Ă la communautĂ© est par trop problĂ©matique LâAllemagne. Jâai lâimpression, pour parler dans le vague, que câest dâabord quelque chose qui nâexiste pas ou qui nâexiste pas encore. Donc un vide. » Wenders, 1992 217 Dans Philosophie un rĂȘve de flambeur, Jean-Toussaint Desanti se souvient de la maison de sa tante, en Corse, dont la porte restait ouverte quelque fĂ»t le temps, accueillant lâĂ©tranger Ă la condition quâil laisse dehors ce qui le liait Ă lâextĂ©rieur haches, pioches, fusilsâŠ, Ă condition quâil ne pose pas le pied sur le seuil â le mutale de la langue Corse â, Ă condition enfin, quâil laisse un sou en Ă©change de la soupe. Tant et si bien que le jeune Jean-Toussaint en venait Ă penser que sa tante tenait une auberge. En fait, il nâĂ©tait pas question dâauberge et le sou nâĂ©tait pas le prix de la soupe. Lâun et lâautre dĂ©signaient lâĂ©change, offrande contre offrande autant de signes de lâalliance entre lâextĂ©rieur et lâintĂ©rieur. » Desanti, 1999 41 DĂ©pouillĂ©, le hĂ©ros wendersien nâa plus rien Ă Ă©changer mĂȘme si Bruno laisse sa veste sur la balustrade avant de pĂ©nĂ©trer dans la maison de lâenfance, comme il lâenlĂšve systĂ©matiquement dans ce quâil considĂšre son chez-soi le camion oĂč il reste, nu, sous sa salopette. 8En refus dâappartenance, il ne veut rien Ă©changer. Ne pas se soumettre Ă la loi du seuil est alors le symptĂŽme dâune impossible communautĂ©. Bruno reste sur le pas de la porte â celui du garage de Raul, lâami dâenfance de Robert â de la mĂȘme façon que Robert reste sur le pas de la porte de la maison de lâenfance de Bruno il lâĂ©coute de lâautre cĂŽtĂ© du mur et sâĂ©loigne. Le lieu de lâenfance est le lieu de lâexpĂ©rience individuelle, unique et non partageable. AprĂšs avoir signifiĂ© son refus dâinvestir la maison de lâenfance en en brisant la fenĂȘtre, le montage fait lâellipse du franchissement inverse, comme si la maison, espace devenu inhabitable et câest la terre entiĂšre qui deviendra inhabitable dans le film quâon tente de tourner dans LâEtat des choses â 1982 lâavait jetĂ© dehors. On retrouve Bruno Ă lâextĂ©rieur, sur lâescalier Ă demi ruinĂ©, Robert lui demandant sâils peuvent dormir Ă lâintĂ©rieur et devant son refus, le laisse seul avec sa peine Pour ceux qui sont trop tourmentĂ©s dâeux-mĂȘmes, le pays natal est celui qui les nie. » Camus, 1939 81 Rester sur le pas, rester sur le refus du franchissement, ou alors casser les carreaux de la maison de lâenfance et refuser dây dormir, ne pas franchir le pas, câest ne pas risquer dâappartenir Ă cette terre allemande, nâayant dâautre choix, alors, que de vivre dans un camion. LĂ sâexprime le foyer idĂ©al pour Wenders Mobile home. Une combinaison contradictoire de mots oĂč pourtant se dĂ©finit une libertĂ© peut-ĂȘtre mince, mais que je tiens en haute estime. Mobile » a une note de fiertĂ© et veut dire le contraire de se trouver bloquĂ© », faire du sur-place », rester en plan ». Home » veut dire Ă la maison », chez soi ». Un chez-soi ne devrait justement pas ĂȘtre mobile, il se distingue prĂ©cisĂ©ment par le fait quâil est fermement installĂ© quelque part. Aussi, non seulement lâAllemand ignore-t-il lâexpression contradictoire Wohnwagen » [caravane] et Fertighaus » [maison prĂ©fabriquĂ©e] veulent dire autre chose, mais aussi la chose elle-mĂȘme une maison quâon installe quelque part, et ailleurs lâannĂ©e suivante. Sur les autoroutes amĂ©ricaines, des maisons viennent sans cesse Ă votre rencontre.» Wenders, 1988 191 9Il y a lĂ une nostalgie, non pas de la patrie, mais dâun Ă©tat antĂ©rieur de lâhumanitĂ© qui la protĂ©geait de lâattachement Ă la patrie celui du nomadisme, dâun Ăąge dâor que Wenders Ă©prouve aux Etats-Unis Le pays est trop vaste pour quâon puisse dĂ©cider oĂč rester. Alors on prĂ©fĂšre admettre quâon ne sait pas oĂč on est chez soi. Il y a lĂ une libertĂ©. » Wenders, 1988 193 10Câest de cet attachement Ă la terre que les personnages wendersiens se dĂ©font en optant pour le nomadisme, cet Ă©tat antĂ©rieur Ă lâidĂ©e de patrie. LĂ aussi, la distinction avec Ulysse, si apte Ă franchir les seuils de pierre » est manifeste, dans cette histoire de lâhumanitĂ© quâAdorno et Horkheimer retissent Ă partir de son OdyssĂ©e Il y a lĂ une rĂ©miniscence de l'histoire oĂč la vie sĂ©dentaire, qui condiÂtionne l'existence de toute patrie, succĂ©da au nomadisme. Si l'ordre stable de la propriĂ©tĂ© qu'assure la vie sĂ©dentaire fonde l'aliĂ©nation des hommes d'oĂč naĂźt toute nostalgie et tout regret de la perte de l'Ă©tat originel, c'est pourtant la sĂ©denÂtaritĂ© et la stabilitĂ© de la propriĂ©tĂ© â Ă l'origine du concept de patrie â qui fonde toute nostalgie, tout mal du pays. » Adorno, Horkheimer, 1974 90 11Sur le pare-brise du camion, par transparence, intĂ©rieur et extĂ©rieur font alliance, mais par image reflet et projection. Le camion est une demeure sans seuil, sans jonction dâun intĂ©rieur et dâun extĂ©rieur lâextĂ©rieur file au grĂ© des dĂ©placements, et traverse en permanence lâintĂ©rieur. LĂ , le dedans et le dehors sâindistinguent. Le mutale Ă©tait un non-lieu, un lieu zĂ©ro en quelque sorte. Qui sây trouve, nĂ©tant nulle part, court le risque dây demeurer Ă jamais et dây disparaĂźtre. » Desanti, 1999 41 Ă©crit encore Desanti. Au fil du temps serait lâhistoire de cette condamnation nâayant pas respectĂ© la loi du seuil, Bruno et Robert sây engloutissent et par lĂ , sont vouĂ©s Ă ne plus accĂ©der Ă aucune appartenance et Ă demeurer dans la solitude. Au dĂ©but dâAu Fil du temps, RĂŒdiger Vogler Bruno reprend son personnage lĂ oĂč il lâavait laissĂ© Ă la fin du film prĂ©cĂ©dent Faux Mouvement mon seul dĂ©sir Ă©tait dâĂȘtre seul, pour quâaucun importun ne vienne troubler mon apathie ⊠jâavais lâimpression dâavoir manquĂ© quelque chose, et de continuer Ă manquer quelque chose Ă chaque mouvement. » Ce quâil manque, câest la prĂ©sence des autres, Peter Buchka a remarquĂ© combien les personnages de Wenders sont toujours entre deux, dans lâoscillation constante entre deux Ă©tats intenables les personnages de Wenders doivent se frayer un passage entre deux pĂŽles comme les Argonautes entre Charybde et Scylla dâun cĂŽtĂ© la solitude ⊠et dâautre part, lâimpossibilitĂ© de vivre de façon durable avec dâautres hommes â et avant tout avec des femmes â. Les personnages de Wenders ne supportent ni lâun ni lâautre, ni la solitude ni la vie avec dâautres. » Buchka, 1986 119 La prĂ©sence de lâautre manque, raison pour laquelle Bruno accepte de partager la route avec Robert, ou une nuit avec la jeune caissiĂšre de cinĂ©ma. Et Ă la fois, lâautre est de trop au petit matin, Robert laisse Bruno endormi dans le poste frontiĂšre amĂ©ricain abandonnĂ© et Bruno laisse la jeune femme dans lâarriĂšre-salle du cinĂ©ma. Wenders se reprĂ©sente lâAllemagne comme une terre inhabitable et sans lendemain aucun couple nây survit et encore moins se projette dans une histoire. Robert est en train de se sĂ©parer de sa femme et reproche Ă son pĂšre dâavoir, pour finir, tuĂ© sa mĂšre. Bruno a dĂ©libĂ©rĂ©ment choisi la solitude et lâataraxie ça va de mieux en mieux ! », son pĂšre, quant Ă lui sâest perdu pendant la guerre ». La jeune caissiĂšre se dit satisfaite de vivre seule avec sa fille, et partage une nuit sans lendemain avec Bruno, lequel ne se sent jamais aussi seul que dans une femme. Un troisiĂšme homme sâinvite dans le camion, il porte le manteau ensanglantĂ© dâune femme, la sienne, qui sâest jetĂ©e en voiture contre un arbre, suicide que Robert craint pour sa propre femme. La prĂ©sence des hommes auprĂšs des femmes est pathogĂšne, voire mortelle, et câest bien le destin de son pĂšre que Robert pourrait alors reproduire, en plus dramatique. Il paraĂźt plus prudent aux hommes de rester entre eux, dans le dĂ©sir permanent dâune femme. Dans le poste frontiĂšre amĂ©ricain, Bruno et Robert, Ă la lueur des bougies se confient, se provoquent, se battent, admettent vouloir une chose et son contraire, et pour finir, Robert constatera On ne peut pas vivre comme ça sans pouvoir imaginer ou souhaiter aucun changement. » Robert souffle sa bougie, le cadre se divise en deux, Robert dâun cĂŽtĂ©, dans le noir, et Bruno Ă©clairĂ©, de lâautre, signe de lâĂ©cart entre eux qui ne sera jamais recouvert, de la rupture qui finira par advenir. Au petit matin, Robert un Ćil pochĂ©, et Bruno la lĂšvre fendue retournent chacun de leur cĂŽtĂ© Ă leur solitude. PĂšres sans femme ni enfants, comme les enfants sont privĂ©s de pĂšre et mĂšre il nây a pas dâadulte, ni autour de la station-service oĂč Robert arrĂȘte sa voiture et Ă©change par signes avec des enfants en train de jouer, ni Ă la gare oĂč lâultime rencontre quâil fera sera celle dâun jeune garçon, occupĂ© Ă dĂ©crire ce quâil voit. 12Franchir un seuil lâimprimerie pour Robert et le conflit avec le pĂšre ; la maison de lâenfance pour Bruno et le retour traumatisant des fantĂŽmes, câest une question dâespace mais aussi de temps. Il sâagit pour lâun comme pour lâautre de revisiter le passĂ© et de lâaffronter, pour au petit matin, trouver un peu de paix Bruno sort de sous lâescalier la boĂźte Ă secrets â affiches de film prĂ©cieusement conservĂ©es dans une boĂźte de pellicule par lâenfant quâil fut â comme Jeff Mc Cloud retrouvait, sous la maison originaire, les trĂ©sors de son enfance dans The Lusty Men Nicholas Ray, 1952. Dans Nickâs movie 1980, NicholasRay dira Ă Wenders les raisons de lâattachement de celui-ci Ă ce film le sentiment, non Ă©prouvĂ© mais dĂ©sirĂ© de lâattachement au foyer, Ă une terre this film is a western. This film is really a film about people who want to own a home of their own ». MĂȘme traumatisante, lâexpĂ©rience du retour Ă la maison natale sera rĂ©confortante pour Bruno car elle aura tĂ©moignĂ© de quelque chose dont il se croyait dĂ©pourvu un passĂ©. Pour la premiĂšre fois, je me vois comme quelquâun qui a vĂ©cu un certain temps, et ce temps, câest mon histoire. » Au plan suivant, Robert vide le contenu de sa valise dans une poubelle au bord de la route il sâagit, malgrĂ© tout, dâen faire table rase, de ne pas se laisser trop aller Ă cet enracinement, de ne jamais oublier quâil est, potentiellement, coupable. En effet, si lâappartenance Ă la terre allemande, et par lĂ , Ă son Histoire est profondĂ©ment problĂ©matique, câest parce que les pĂšres sont fondamentalement coupables, coupables dâavoir Ă©tĂ© nazis, comme le vieux projectionniste qui ouvre le film, coupables plus confusĂ©ment, comme le pĂšre de Robert, dont on se demande ce quâa pu imprimer pendant la guerre cet homme endormi dans son imprimerie sous le portrait de Gutenberg, et Ă qui son fils reproche dĂšs que je dis quelque chose, jâai lâimpression de le voir imprimĂ© ». Coupable aussi, le vieil homme hagard dans son garage oĂč une guerre semble ne jamais avoir vraiment fini, et qui en a perdu la parole. Coupable enfin, le pĂšre de Bruno perdu pendant la guerre ». 13Ă dĂ©faut des pĂšres rĂ©els, il sâagit alors de se reconnaĂźtre des pĂšres de substitution Nicholas Ray ou Fritz Lang dont Wenders a pu dire Je lâai regardĂ© comme un orphelin voit le pĂšre des autres » Wenders citĂ© par Amengual, 1997 288. Ailleurs, câest F. W. Murnau qui tient le rĂŽle de pĂšre dans lâEtat des choses, pour le cinquantenaire de sa mort, Wenders le ressuscite » en un Friedrich Munro, qui reprend ses propres mots, et en reprenant ses propres mots, identifie le pĂšre au fils â Wenders â je ne suis chez moi nulle part » Wenders, 1990 68 ou encore John Ford, de façon plus discrĂšte dans Alice dans les villes â 1973 â oĂč est fait allusion Ă Young Mister Lincoln â 1939. Le cinĂ©ma, câest alors la patrie que Wenders se choisit, Ă dĂ©faut de se sentir chez lui en Allemagne Je ressens lâhistoire du cinĂ©ma comme un lieu trĂšs paisible oĂč il vaut la peine de sâancrer, on y est bien et en bonne compagnie. » Wenders, 1992 260 La profondeur historique nâest plus dans les lieux ou les ĂȘtres dont nous verrons combien ils la refoulent mais dans le film lui-mĂȘme, qui tĂ©moigne de lâHistoire du cinĂ©ma, une Histoire comme Ă la premiĂšre personne, en substitution Ă lâHistoire tout court. 4 Richard Wilson, 1955 14Chacun des deux personnages aura ici son pĂšre de substitution. Nicholas Ray pour Bruno, qui rejoue au petit matin, aprĂšs sa nuit de larmes, la scĂšne du retour Ă la maison de lâenfance de The Lusty Men. Bruno est tellement entourĂ© de personnages de cinĂ©ma et particuliĂšrement de la figure de Mitchum â affiche de The Gun Man4au fond du camion, par exemple quâon se demande si ce souvenir nâest pas fabriquĂ©. En dâautres termes si cette boĂźte Ă secrets, qui contient dâailleurs des affiches de films, nâest pas une fabrication de cinĂ©ma Ă savoir que Bruno ne retrouve pas ici un souvenir dâenfance, mais rejoue consciemment le souvenir du personnage du film de Nicholas Ray, comme si la mĂ©moire personnelle Ă©tait refoulĂ©e et substituĂ©e par une mĂ©moire fabriquĂ©e Ă partir de matĂ©riaux cinĂ©matographiques. Et câest tout le film qui, peu Ă peu, substitue Ă la mĂ©moire des personnages et des lieux, sa propre mĂ©moire, sâaffiche comme reconstruction Ă partir de matĂ©riaux cinĂ©matographiques les dunes blanches sont un dĂ©cor de western, et par lĂ , on peut, comme Robert, en jouir. Et câest bien la seule fois que le corps se jette ainsi avec jubilation dans le paysage. Le cinĂ©ma expressionniste allemand est totalement claustrophobique. La toile de fond de mes films, elle, vient beaucoup plus du cinĂ©ma que jâai vu quand jâĂ©tais enfant, surtout des westerns, oĂč le soleil brille tout le temps. Avez-vous jamais vu un film allemand des annĂ©es vingt oĂč brille un soleil radieux ? Pour moi, le paysage est tellement liĂ© au cinĂ©ma ! ⊠quand je tourne, jâai lâimpression de mâintĂ©resser plus au soleil qui se lĂšve sur un paysage quâĂ lâhistoire qui sây dĂ©roule »Wenders, 1990 63. 15Fritz Lang sera le pĂšre de substitution de Robert. Il contemple Ă deux reprises un carrĂ© de ciel nocturne, Ă travers le toit du camion, cadre en attente de ce qui va le combler la figure du pĂšre que Robert dĂ©coupe dans une revue suivant le mĂȘme cadre, celle de Fritz Lang dans Le MĂ©pris Jean-Luc Godard, 1963. Dans ce film sur la conscience du cinĂ©ma en Allemagne, le pĂšre perdu, non, le pĂšre manquĂ©, sâest installĂ©, sâest insinuĂ© de lui-mĂȘme » Wenders, 1988 149. Fritz Lang, câest le pĂšre Allemand qui sâest exilĂ© en AmĂ©rique, pĂšre de substitution de Robert puisque immĂ©diatement aprĂšs avoir prĂ©levĂ© ainsi son visage, il rend visite Ă son vrai pĂšre. Mais avant, son regard, douloureux, sera passĂ© du visage de Lang au projecteur enchaĂźnĂ© sur une Ă©tagĂšre du camion. Il y a ici une mĂ©taphore manifeste, la question qui taraude, câest comment ĂȘtre cinĂ©aste en Allemagne, quand le cinĂ©ma a Ă©tĂ© enchaĂźnĂ© », exploitĂ© par lâidĂ©ologie nazie ? Jamais auparavant, dans aucun autre pays, on nâavait comme ici manipulĂ© les images et les sons avec autant de cynisme, jamais et nulle part ils nâavaient Ă©tĂ© Ă ce point abaissĂ©s au niveau de vĂ©hicules de mensonges. » Wenders, 1988 132 Jamais, alors, nâa Ă©tĂ© aussi grande la mĂ©fiance Ă lâĂ©gard des images que ce pays pouvait par la suite produire, leur prĂ©fĂ©rant les images venues de lâĂ©tranger A cause des images [du nazisme] il y a eu dans la culture cinĂ©matographique de ce pays un trou de trente Ă quarante ans » Wenders, 1988 133. 16Ce dont Au fil du temps tĂ©moigne alors, câest de la dĂ©liquescence du cinĂ©ma allemand des annĂ©es soixante-dix Bruno projette des films porno ou dâautres, tellement mauvais que Robert lui suggĂšre de laisser une bobine de cĂŽtĂ©. Pour finir ils sâenfuient en laissant la projection en plan. Ce dont Au fil du temps tĂ©moigne, câest dâun cinĂ©ma ⊠qui peut nuire aux hommes en les Ă©loignant de leurs dĂ©sirs et de leurs peurs » Wenders, 1988 117. La jeune gĂ©nĂ©ration nâest pas concernĂ©e les projectionnistes de remplacement nây connaissent rien, ou amĂ©nagent leur relation, par miroir interposĂ©, avec les images pornographiques. Si Bruno tente dâintĂ©resser lâun dâeux en lui montrant la croix de Malte, cette invention gĂ©niale qui transforme une rotation en translation, force est de constater que la rotation a dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© en Ă©ternelle rĂ©pĂ©tition Ă lâidentique câest lâextrait en boucle quâil projette Ă la jeune caissiĂšre â de la violence, de lâaction, de la sensualitĂ©. Quatre-vingt-dix minutes de cinĂ©ma » rĂ©pĂštent la voix et les images, comme les produits standardisĂ©s rĂ©pĂštent en boucle la mĂȘme recette. La propriĂ©taire du Weisse Wand attend alors que cela change. Devant le portrait de Fritz Lang, elle dĂ©fend une certaine idĂ©e du cinĂ©ma Le cinĂ©ma est lâart de la vue, disait mon pĂšre. Câest pour ça que je ne peux pas passer ces films qui ne sont que de lâexploitation de tout ce qui est encore exploitable dans la tĂȘte et les yeux. On ne mâobligera pas Ă passer des films dont les gens sortent paralysĂ©s et abrutis par la bĂȘtise, qui dĂ©truisent leur joie de vivre, qui tuent le sentiment quâils ont dâeux-mĂȘmes et du monde. ⊠dans lâĂ©tat actuel, mieux vaut pas de cinĂ©ma, quâun cinĂ©ma tel quâil est maintenant.» Si les vitrines sont vides et lâĂ©cran blanc, les projecteurs sont maintenus en Ă©tat, pour ĂȘtre prĂȘts lorsque le cinĂ©ma sera redevenu ce quâil doit ĂȘtre. Et lĂ aussi, le film sâaffiche comme mĂ©moire de sa propre fabrication jouant sur les lettres allumĂ©es et Ă©teintes de lâenseigne â Weisse Wand â le mot End » se compose. Fin du cinĂ©ma et fin de lâHistoire et fin du film qui se sera, jusquâau bout, affichĂ© comme tel, se clĂŽturant, comme il se doit, sur le mot fin ». 17Le seuil est le lieu oĂč ça change » Desanti, 1999 39, ce pas que Bruno et Robert doivent dĂ©-passer pour pouvoir dire Je suis mon histoire ». Constatons que cette rĂ©plique de Robert survient off, sur lâimage du Bibendum Ă©clairĂ©, figure de proue du camion, nous donnant lâĂ©trange impression quâau fond, dans cette substitution de lâHistoire par lâHistoire du cinĂ©ma, câest le film lui-mĂȘme qui, ici, parle. Je suis mon histoire », câest-Ă -dire lâhistoire de ma fabrication au fil du temps et de la carte routiĂšre qui lui a servi de scĂ©nario ; fabrication ouverte aux imprĂ©vus, aux accidents, Ă lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des matĂ©riaux accueillis au grĂ© de sa sĂ©dimentation â sĂ©quence burlesque, documentaire, dĂ©tour vers le Rhin en side-car, montage parallĂšle de trajectoires qui se croisent et se dĂ©croisent en fonction de la route⊠18Dans le dossier de presse de LâAmi AmĂ©ricain 1977 Wenders revendique ce film comme politique, au contraire des films de divertissement, qui chassent de la tĂȘte des hommes lâidĂ©e de changement. Leur message rĂ©pĂ©tĂ© Ă chaque plan est que tout est bien ainsi » Buchka, 1986 99. DĂ©jĂ , nous venons de le voir, Au fil du temps milite pour un changement du cinĂ©ma. Et Ă la fin du film, Robert laisse un mot sur le pare-brise du camion, Ă lâattention de Bruno Il faut tout changer. So long. R » Câest devant le poste frontiĂšre sĂ©parant les deux Allemagnes que Robert choisit de laisser son message ce qui doit changer en premier lieu, câest lâĂ©tat de cette Allemagne divisĂ©e. Constatons que le mot est notĂ© sur la page de garde du livre quâil lisait jusque lĂ et quâon y lit prĂ©sentation » par Maud Mannoni en lâoccurrence, il sâagit de la prĂ©face Ă lâEnfance aliĂ©nĂ©e. Câest alors comme inspirĂ© par Maud Mannoni que Robert et Wenders ? se sent la force de travailler Ă ce changement. 19Plus tĂŽt, câest par une parabole quâil annonce cette volontĂ© de rupture avec la rĂ©pĂ©tition. Il raconte un rĂȘve Il y a une encre qui pouvait effacer la vieille Ă©criture et en mĂȘme temps Ă©crire quelque chose de nouveau » Mais le problĂšme qui se pose immĂ©diatement Ă Robert, câest quâil nâĂ©crit que des rĂ©pĂ©titions jusquâĂ ce quâen rĂȘve, il ait lâidĂ©e de changer dâencre. Alors, il Ă©crit quelque chose de nouveau. Ă la fin du film, il rencontre un jeune garçon Ă la gare, qui Ă©crit ce quâil voit Je dĂ©cris une gare. Tout ce que je vois les rails, le ballast, lâhoraire. Le ciel, les nuages. » Câest aussi simple que cela. Robert lui propose dâĂ©changer contre son cahier dâĂ©colier, sa valise vide son identitĂ© creuse et ses lunettes de soleil son regard aveugle Ă cette simplicitĂ© dans lâespoir de retrouver cette transparence perdue du rĂ©el. Dans les films, les enfants sont toujours lĂ pour vous exhorter Ă ne pas oublier la curiositĂ© et lâabsence de prĂ©jugĂ©s avec lesquels on peut rendre le monde visible » Wenders, 1992 64. 5 LaĂ«rte est le pĂšre dâUlysse 20Rendre le monde visible nâest possible quâĂ une condition le dĂ©barrasser des mythes qui en figent lâimage, la polluent Le mythe prĂ©tendait informer, dĂ©nommer, narrer les origines mais par lĂ mĂȘme il prĂ©tendait aussi reprĂ©senter, confirmer, expliquer. Cette tendance sâest accrue lorsque les mythes furent inventoriĂ©s et collectionnĂ©s ; lâinformation quâils apportaient devint une doctrine » Adorno, Horkheimer, 1974 26. Lâimage nâest plus conçue comme surface mais comme volume, empilement de reprĂ©sentations mythiques quâil faut dĂ©coller une Ă une. Adorno et Horkheimer dans La Dialectique de la Raison montrent quâUlysse use de sa raison pour dĂ©faire les puissances mythiques par exemple, ce cyclope qui se laisse prendre au nom de Personne » Lâopposition entre la Raison et le mythe s'exprime dans l'opposition entre le Je individuel â qui surÂvit â et les multiples aspects de la fatalitĂ©. La course errante de Troie Ă Ithaque reprĂ©sente l'itinĂ©raire suivi Ă travers les mythes par un soi physiquement trĂšs faible face aux forces de la nature et qui ne se rĂ©alise luiâmĂȘme que dans la prise de conscience. ⊠Le savoir qui constitue son identitĂ© et qui lui permet de surÂvivre, tire sa substance de l'expĂ©rience qu'il acquiert dans les innombrables tours et dĂ©tours de sa route oĂč il voit bien des choses se dĂ©sagrĂ©ger. » Adorno, Horkheimer, 1974 61 Signalons que la rĂ©fĂ©rence Ă lâOdyssĂ©e est prĂ©sente dans le cinĂ©ma de Wenders, ne serait-ce que dans le nom de lâancien nazi de Faux mouvement â Laertes5. 21Au fil du temps est ainsi le lent travail de dĂ©construction des mythes Ă commencer par le mythe du miracle Ă©conomique. Ce nâest pas la RFA industrialisĂ©e, triomphante, mais un paysage dâusines en ruine, de machines arrĂȘtĂ©es que le film nous prĂ©sente. Et mĂȘme Wolfsburg, avec le sigle de Volkswagen dans le paysage industriel, sigle Ă demi dissimulĂ© derriĂšre les hautes cheminĂ©es, mĂȘme cette ville, symbole de lâindustrialisation radieuse, est curieusement dĂ©sertĂ©e. Robert ramasse un journal, on y lit noch ĂŒber eine Million Arbeitslose », et plus bas Mehr als 4,8 Milliarden Marks Defizit ». Câest la misĂšre Ă©conomique qui pĂšse sur le vieillard aphasique, au regard ravagĂ©, assis au milieu de son garage, qui ne sait plus que rĂ©pondre Ă Bruno venu chercher de lâeau pour son camion â Bruno qui est bien Ă©tonnĂ© de trouver en ces lieux dĂ©vastĂ©s Ăąme qui vive. MisĂšre Ă©conomique qui sâexprime sur un visage de vieillard que Walker Evans aurait pu, jadis, pendant cette autre grande pĂ©riode de misĂšre, photographier. Il sâagit alors dâopĂ©rer la prestidigitation inverse de celle quâopĂšre le mythe, et sur le rĂ©el ainsi redĂ©couvert sous le mythe, retrouver lâHistoire Ce que le monde fournit au mythe, câest un rĂ©el historique, dĂ©fini, si loin quâil faille remonter, par la façon dont les hommes lâont produit ou utilisĂ© ; et ce que le mythe restitue, câest une image naturelle de ce rĂ©el. Et tout comme lâidĂ©ologie bourgeoise se dĂ©finit par la dĂ©fection du nom bourgeois, le mythe est constituĂ© par la dĂ©perdition de la qualitĂ© historique des choses les choses perdent en lui le souvenir de leur fabrication. Le monde entre dans le langage comme un rapport dialectique dâactivitĂ©s, dâactes humains il sort du mythe comme un tableau harmonieux dâessences. Une prestidigitation sâest opĂ©rĂ©e, qui a retournĂ© le rĂ©el, lâa vidĂ© dâhistoire et lâa rempli de nature ; qui a retirĂ© aux choses leur sens humain de façon Ă leur faire signifier une insignifiance humaine. La fonction du mythe, câest dâĂ©vacuer le rĂ©el il est, Ă la lettre, un Ă©coulement incessant, une hĂ©morragie, ou, si lâon prĂ©fĂšre, une Ă©vaporation, bref, une absence sensible » Barthes, 1970 216. La reprĂ©sentation de la RFA comme pays du miracle Ă©conomique est naturelle » elle va de soi. Le travail du cinĂ©aste consiste alors Ă dĂ©faire cette construction mythologique, et ce, mĂȘme au prix de la solitude, ce prix que ses personnages sont prĂȘts Ă payer Lorsque le mythe atteint la collectivitĂ© entiĂšre, si lâon veut libĂ©rer le mythe, câest la communautĂ© entiĂšre dont il faut sâĂ©loigner » Barthes, 1970 231. Si Roland Barthes a pu voir dans le roman des annĂ©es cinquante,une opĂ©ration de sabordage de la littĂ©rature comme mythe littĂ©raire â sabordage pur et simple du discours, le silence, rĂ©el ou transposĂ©, se manifestant comme la seule arme possible Ă la peur majeure du mythe sa rĂ©currence » Barthes, 1970 208 â nous pouvons voir, de la mĂȘme façon, dans Au fil du temps, le sabordage du cinĂ©ma comme mythe cinĂ©matographique. Ici, pour reprendre le slogan en boucle que Bruno projette Ă la jeune caissiĂšre, ni action, ni violence, ni sensualitĂ©, mais du hasard, du temps, du silence il faut attendre vingt-sept minutes de silence, ou quasi, avant que Bruno et Robert ne se prĂ©sentent lâun Ă lâautre. 22LâAllemagne nâest pas ce pays puissant que le mythe du miracle Ă©conomique voudrait nous faire voir. Au grĂ© de leurs pĂ©rĂ©grinations, Robert et Bruno croisent deux villages Machtlos sans pouvoir » et Friedlos sans paix ». VoilĂ oĂč en est lâAllemagne dâAu Fil du temps. Entre les deux, se tient une montagne, mais ce nâest pas la montagne originelle du mythe germanique elle sâappelle Toder Man lâhomme mort ». VoilĂ oĂč en sont les mythes aprĂšs que Wenders les a arrachĂ©s au rĂ©el. Dans la voiture de Robert, au dĂ©but du film, nous pouvons voir une carte postale un paysage typiquement alpin de cimes enneigĂ©es et de forĂȘt. Wenders est particuliĂšrement fĂ©roce envers cette imagerie, trĂšs liĂ©e Ă lâidĂ©e de patrie, et qui a ses avatars dans la production de lâĂ©poque Heimat Filme comment traduire ? Des films romantiques se dĂ©roulant dans les Alpes » Wenders, 1990 142. 23Pays impuissant qui ne connaĂźt pas la paix, lâAllemagne est un pays occupĂ©, divisĂ© dĂšs le dĂ©but, lorsque Robert lance sa voiture dans lâElbe, la frontiĂšre avec lâAllemagne de lâEst coupe le fond de lâimage, longue balafre grillagĂ©e, parcourue de miradors. La frontiĂšre redouble celle, symbolique, du fleuve. Et Ă la fin, au petit matin, câest encore sur elle que le regard bute un panneau Landes-Grenze » prĂ©vient, que de lâautre cĂŽtĂ©, câest encore lâAllemagne, mais que ce territoire brumeux, indiscernable derriĂšre la frontiĂšre, est interdit. Bruno, dans la couverture quâil a jetĂ©e, comme lâĂ©ternel errant quâil est, sur ses Ă©paules, se cogne Ă cette cicatrice, cette frontiĂšre intĂ©rieure qui leur rappelle sans cesse cette culpabilitĂ© dont ils ont hĂ©ritĂ©. Bruno hurle, lance son cri de lâautre cĂŽtĂ©, mais lâapaisement ne viendra pas. La route sur laquelle ils cherchent, dans un pays devenu coupable, leur identitĂ©, a colonisĂ© leur inconscient au moins autant que le rĂȘve de la culture amĂ©ricaine » Buchka, 1986 75. En lâoccurrence, les deux phĂ©nomĂšnes sont liĂ©s mĂ©fiante Ă lâĂ©gard de ses deux mille ans de Kultur qui se sont effondrĂ©s dans le nazisme, mĂ©fiante Ă lâĂ©gard de ses images qui ont Ă©tĂ© instrumentalisĂ©es, lâAllemagne de lâaprĂšs-guerre est avide de tout ce qui peut la dĂ©tourner dâelle-mĂȘme, en premier lieu de la culture de lâoccupant. Au fil du temps prĂ©sente, en dĂ©collant le mythe du miracle Ă©conomique, un pays occupĂ© militairement. Câest le poste frontiĂšre abandonnĂ© oĂč les deux hĂ©ros Ă©chouent, aux murs couverts de graffitis qui les font rĂȘver Colorado, Texas⊠Holyday in » ironise Bruno. Pas tout Ă fait, rĂ©pond Robert, mais il y a des lits â un foyer possible â et des images â les filles nues des magazines, collĂ©es sur les mur â Foyer et images, câest tout ce que lâAllemagne demande Ă son occupant. La prĂ©sence de ce dernier est, elle aussi, exhumĂ©e des couches mythiques si le poste frontiĂšre est dĂ©saffectĂ©, le tĂ©lĂ©phone fonctionne et une voix amĂ©ricaine rĂ©pond, malgrĂ© lâapparente disparition des soldats amĂ©ricains dans les lieux. Les disques de rock que Bruno glisse dans le mange-disque de son camion, la prĂ©sence du cinĂ©ma amĂ©ricain â affiche avec Mitchum, avec son titre traduit en Allemand Gnadenlos ; gestes trĂšs intimes de Bruno retrouvant son enfance hĂ©ritĂ©s dâun film amĂ©ricain â, prĂ©parent ce que Robert met Ă jour dans le poste frontiĂšre, tout entourĂ©s quâils sont en ce lieu de culture et de mots amĂ©ricains les AmĂ©ricains ont colonisĂ© notre subconscient ! » Câest dans le rire quâil en arrive Ă cette constatation, aprĂšs quâune rĂ©plique, par une brusque association dâidĂ©e, eut Ă©chappĂ© Ă Bruno mean as she can be ». Bruno alors raconte quâil lui arrive dâavoir un air dans la tĂȘte, pendant des heures, avec des paroles en Anglais, sans quâil fasse attention aux mots. Et que ces mots peuvent surgir Ă lâimproviste dans les conversations, les disputes. Comme si les mots en Anglais, le maintenaient Ă distance de lui-mĂȘme. Constatons que Robert est atteint du mĂȘme syndrome plus tĂŽt dans le film, il aura croisĂ© une effigie du Christ privĂ© de sa croix, et lui aura dit double-crossed for the very last time, but now finally free ». Or, ces mots sont la rĂ©miniscence dâune chanson de Bob Dylan Idiot Wind, Wenders jouant des mots entre la croix et la trahison. Constatons quâau vers suivant, il est encore question dâune frontiĂšre I kissed goodbye the howling beast on the borderline which separate you from me. » Il sâagit toujours de traverser ce qui est visible pour aller chercher dessous la couche que le mythe a recouvert Sans aucun doute toute vie, la vie humaine surtout, estâelle une espĂšce de transcenÂdere, un franchissement du DonnĂ©, mais il est tout aussi indubitable que ce transcendere, qui est concrĂštement utopique, n'implique jamais la transcendance. Celleâci serait une fois de plus un DonnĂ© tout fait et spectral, et s'il est absolument certain que la conscience morale de l'utopie concrĂšte ne colle pas de maniĂšre positiviste au Factum de tout ce qui est immĂ©diatement visible, il est encore plus certain qu'elle ne s'Ă©vapore pas dans les nues des pures hypostases de l'invisibilitĂ© mythologique » Bloch, 1991 555. 24Le pare-brise du camion est alors le lieu oĂč se superposent les couches sĂ©dimentaires dâimages renvoyant Ă cette germanitĂ© que le film remet en question cieux torturĂ©s, reflets des forĂȘts, des façades Ă colombages⊠DerriĂšre, dans lâĂ©cran large du cinĂ©mascope que le pare-brise dĂ©limite, se tiennent les deux nomades, hĂ©ros dâun road movie renvoyant lĂ Ă cette amĂ©ricanitĂ© qui a recouvert les couches infĂ©rieures. Lâimage nâest plus une surface mais un volume quâil faut traverser pour remettre Ă jour ce qui est cachĂ© lâHistoire. En choisissant Berlin comme cadre des Ailes du dĂ©sir 1987, Wenders trouve dans cette ville ce qui partout ailleurs en Allemagne, manque traces, mĂ©moire, profondeur historique Cette histoire est ici physiquement et Ă©motionnellement prĂ©sente, cette histoire qui ne peut ĂȘtre vĂ©cue ailleurs en Allemagne » câest-Ă -dire dans la RĂ©publique FĂ©dĂ©rale, que comme dĂ©nĂ©gation ou absence, autrement dit qui ne peut ĂȘtre que manquĂ©e » Wenders, 1990 118. Il sâagit alors de dĂ©coller une Ă une ces couches dâamnĂ©sie de la surface de ces paysages blafards qui portent les traces du crime Ă Ostheim, la ville du pĂšre de Robert, une façade est criblĂ©e dâimpacts, et câest cette façade que Wenders met au centre du cadre. Il sâagit de traverser lâimage pour en dĂ©coller lâamnĂ©sie qui la recouvre et mettre Ă jour les fantĂŽmes ou les dĂ©mons que lâAllemagne a prĂ©fĂ©rĂ© refouler le vieux projectionniste au dĂ©but du film avoue avoir Ă©tĂ© nazi, et confond les initiales du SPD et celles du parti nazi. Dâailleurs, il nâest plus trĂšs sĂ»r du nom. Guerre froide oblige, dâanciens nazis retrouvent leur place dans cette sociĂ©tĂ© amnĂ©sique. La rĂ©cupĂ©ration kitsch est un autre moyen de refoulement la jeune caissiĂšre a gagnĂ© Ă la foire une bougie Ă lâeffigie de Hitler, et Bruno, par dĂ©rision, allume sa cigarette au feu du FĂŒhrer ». La dĂ©marche de Wenders est alors un vĂ©ritable travail sur la mĂ©moire JâĂ©tais moins attirĂ© par lâĂ©tranger que repoussĂ© par le monde familier. Le monde familier, câĂ©tait ce vide ⊠une singuliĂšre exclusion du passĂ©. On ne peut faire croire Ă un enfant quâil est impossible de regarder derriĂšre lui. Pourtant, jâai grandi avec le sentiment quâil ne fallait pas regarder en arriĂšre. DerriĂšre nous, il y avait un trou noir et tout le monde nâavait le regard tendu que vers lâavant, occupĂ© Ă la reconstruction », en train de travailler au miracle », et ce miracle Ă©conomique, je pense, nâa Ă©tĂ© possible au fond que grĂące Ă un incroyable travail de refoulement. Cette fantastique performance nâĂ©tait pas le nouveau phĂ©nix câĂ©tait de faire oublier les cendres dont il sâĂ©levait » Wenders, 1992 221. LâomniprĂ©sence rythmique, visuelle et sonore des trains est particuliĂšrement appuyĂ©e et ne peut pas ne pas faire penser aux trains qui sillonnĂšrent ce territoire, trente ans plus tĂŽt. La prĂ©sence des trains est trĂšs insistante dans la scĂšne au bord du Rhin, ne cessant de surgir, par le son, le long de cette nuit oĂč lâenfance â et lâabsence de ce pĂšre perdu pendant la guerre » â torture Bruno. Lâun se recroqueville sur sa douleur et laisse couler ses larmes, lâautre, Robert, se couche Ă mĂȘme le sable, sous les arbres, comme sâil fallait rĂ©gresser Ă un stade antĂ©rieur de lâhumanitĂ© pour dĂ©passer cette culpabilitĂ© que les trains, roulant et sifflant bruyamment dans la nuit, ne cessent dâactiver. La maison est entourĂ©e dâarbres, retour du mythe germanique de la forĂȘt dont on nous prĂ©vient dĂ©jĂ , quâil a Ă©tĂ© contaminĂ©. Au petit matin, câest encore un train qui accompagne lâouverture en fondu sur le paysage les bras du Rhin avec lâĂźle boisĂ©e, au centre. Mais au plan suivant, câest le mythe qui, de nouveau, est mis Ă mal le Rhin mythique est un lieu invivable, envahi de machines bruyantes. Quel boucan ! » sâexclame Bruno. On creuse le chenal » lui rĂ©pond tranquillement Robert, achevant, par la trivialitĂ© de lâimage, la dĂ©gradation du mythe. Nous avons remarquĂ© que chacun des personnages traverse une frontiĂšre symbolique le passage Ă niveau pour Robert, le fleuve pour Bruno. Soit les trains et le Rhin, mĂ©moire du nazisme et mythe fondateur quâil sâagit de confronter. 25Le traitement quâil choisit pour les corps et la nuditĂ© est lâantithĂšse de ce que les images nazies proposaient. La nuditĂ© est en effet, dans le film, assez insistante Bruno se prĂ©sente Ă nous, nu, se dĂ©culotte pour dĂ©fĂ©quer dans la blancheur des dunes, et reste nu sous sa salopette, les trois quarts du film. Au dĂ©but, Robert nâa quâun pantalon pour tout vĂȘtement, sous prĂ©texte que sa chemise et sa veste sont mouillĂ©es. Mais ce nâest pas la nuditĂ© des corps triomphants que le film expose, mais au contraire leur prĂ©caritĂ© les vĂȘtements et les corps se salissent au fil du temps, les barbes poussent dâailleurs, les vellĂ©itĂ©s de rasage de Bruno sont immanquablement dĂ©couragĂ©es blaireau et tasse tombent du rebord du camion. Le seul bain, câest celui de Robert dans lâElbe, dont lâodeur de vase qui restera accrochĂ©e Ă ses vĂȘtements le fera vomir. Il y a lĂ un sabotage de lâhygiĂ©nisme national socialiste, quâon retrouve aussi, par exemple, dans les baignoires de Beuys. 26Les mythes germaniques fondateurs â nous venons de voir ce quâil en Ă©tait du Rhin â sont une de ces nombreuses couches quâil faut interroger. Ces mythes ont Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©s par les nazis, comme le montre par exemple cette citation de Ernst Schindler, professeur Ă lâuniversitĂ© de Munich en 1936 Lâart est le guide, celui qui guide et accompagne notre vie. Il nous montre, sous la forme du mythe, dâoĂč nous venons et oĂč nous allons. » Michaud, 1996 177 Le culte des mythes fondateurs est une donnĂ©e capitale de la germanolĂątrie » Ă laquelle Andreas Heusler, notamment, va contribuer et Ă laquelle un autre linguiste â Jean Fourquet â va sâopposer, montrant par exemple que le Nibelungen Lied est une adaptation de romans courtois, une réécriture Ă partir dâemprunts Ă©trangers Fourquet, 1979. AccaparĂ©s par lâidĂ©ologie nazie, les mythes fondateurs se sont, pour ainsi dire, brisĂ©s dans lâHistoire et furent aprĂšs-guerre lâobjet dâun refoulement les mythes nâĂ©taient plus enseignĂ©s. Choix fut fait de lâamnĂ©sie, et câest cette couche dâamnĂ©sie que le film soulĂšve les Nibelungen est un des films prĂ©fĂ©rĂ©s du vieux projectionniste qui fut nazi. Hommage, certes, Ă Fritz Lang, mais Ă©galement signe de lâaffinitĂ© de lâidĂ©ologie nazie avec le mythe. De mĂȘme, une des affiches de films que Bruno dĂ©couvre sous lâescalier de la maison de son enfance est celle de Siegfried. LĂ encore, il sâagit de dĂ©coller une Ă une les strates qui collent sur lâimage. JâĂ©tais une proie facile pour ces mythes amĂ©ricains, moi qui vivais dans un pays sans mythe, un pays qui se prĂ©sentait Ă moi comme sans histoire et sans histoires » Wenders, 1992 223. 27De ce point de vue, la dĂ©marche de Wim Wenders est au voisinage de celle dâun autre artiste allemand Anselm Kiefer. NĂ©s la mĂȘme annĂ©e â 1945 â ils ont un rapport trĂšs proche Ă la mĂ©moire. Ainsi, ce que Daniel Arasse dit dâAnselm Kiefer pourrait trĂšs bien se rapporter Ă Wim Wenders Luttant contre lâamnĂ©sie collective qui suit la fin dâune guerre dont il ne peut avoir lui-mĂȘme, dâautre mĂ©moire que celle dĂ©jĂ constituĂ©e par les rĂ©cits, les images et les lieux portant la marque dâune dĂ©vastation passĂ©e ⊠il utilise ces traces et cette histoire allemande comme un matĂ©riau âŠ. Mais en les associant aux souvenirs de lâancienne mythologie germanique, il suggĂšre la continuitĂ© qui relie le mythe et lâhistoire, et la tragique, terrible perte de sens qui les affecte. » Arasse, 2006 68 Lâun et lâautre ont dâailleurs proposĂ©, Ă deux ans dâintervalle, de donner forme Ă lâAnge de lâHistoire inspirĂ© Ă Benjamin par un tableau de Klee Son visage est tournĂ© vers le passĂ©. LĂ oĂč Ă notre regard Ă nous semble sâĂ©chelonner une suite dâĂ©vĂ©nements, il nây [en] a quâun seul qui sâoffre Ă ses regards Ă lui une catastrophe sans modulation ni trĂȘve, amoncelant les dĂ©combres et les projetant Ă©ternellement devant ses pieds. LâAnge voudrait bien se pencher sur ce dĂ©sastre, panser les blessures et ressusciter les morts. Mais une tempĂȘte sâest levĂ©e, venant du Paradis ⊠Nous donnons nom de ProgrĂšs Ă cette tempĂȘte » Benjamin, 1991 438. Chez Wenders, lâAnge de lâHistoire sâincarne dans la figure de lâAnge des Ailes du dĂ©sir 1987, chez Kiefer 1989 dans celle dâun bombardier avec des livres en plomb sur les ailes. Chez lâun et lâautre, il sâagit de faire surgir une mĂ©moire occultĂ©e, de frayer, comme lâĂ©crit Arasse la voie aux images inattendues dâanciens souvenirs » Arasse, 2001 75. La question est de savoir que doit-on exhumer de lâamnĂ©sie collective, comment faire travailler la mĂ©moire ? Quels souvenirs, quelles notions faire entrer dans la mĂ©moire ? Câest-Ă -dire en particulier pour un Allemand nĂ© en 1945 ⊠comment se reprĂ©senter le nazisme et sa relation avec le passĂ© allemand plus lointain dont il se rĂ©clamait » Arasse, 2001 81. Nous avons notĂ© la prĂ©sence des trains dans Au fil du temps. Nous la constatons aussi dans les Ćuvres de Kiefer, notamment ces rails de chemins de fer qui rayent le paysage et renvoient aux mythes, par lâinscription du nom du tableau, sur sa surface mĂȘme par exemple, le difficile chemin de Siegfried vers Brunhilde ». La prĂ©sence des mythes fondateurs est discrĂšte dans Au fil du temps Ă©vocation des Nibelungen, dĂ©tour vers le Rhin⊠En revanche, les mythes contemporains miracle Ă©conomique, rĂȘve amĂ©ricain en sont au cĆur. Chez Kiefer, la prĂ©sence des mythes fondateurs est beaucoup plus explicite Kiefer nâillustre pas les mythes quâil reprĂ©sente ; il les convoque pour confronter le mythe et lâhistoire et constater que, dans le cas de lâAllemagne tout au moins, le mythe sâest effondrĂ© dans lâhistoire dĂšs lors quâil a Ă©tĂ© appelĂ© Ă y agir » Arasse, 2001 138. 28La parentĂ© des deux artistes est trĂšs proche pour ce qui concerne leur travail sur le paysage. Il sâagit de revisiter une tradition picturale typiquement allemande, dĂ©valorisĂ©e lĂ aussi car rĂ©cupĂ©rĂ©e par lâidĂ©ologie nazie. Et en la revisitant, de dĂ©monter un mythe celui du sol. Constatons que Robert sâappelle Lander. Nous avons remarquĂ© la carte postale dans sa voiture, au dĂ©but du film, archĂ©type du paysage alpin. LĂ est la reprĂ©sentation du mythe, le film propose son parfait contraire cieux blancs, vides et sans relief, paysages neutres dâune Allemagne dĂ©sertĂ©e de ses habitants. Les paysages nocturnes ne sont pas plus romantiques masses de brume vaguement Ă©clairĂ©es par les phares, terre lourde aux vagues sillons, horizon barrĂ©. Ă cause de lâHistoire, ces paysages sont horribles. » Wenders citĂ© par Amengual, 1997 294 Quant aux villes, elles ont lâair, au mieux, de carton-pĂąte, avec leurs façades Ă colombages, trĂšs dĂ©coupĂ©es, et leurs toits, trĂšs pointus Roland Barthes montre combien le mythe dĂ©coupe et ne retient quâun dĂ©tail, ici, câest la germanitĂ© qui sâexprime dans la dĂ©coupe des façades et la pointe des toits. Handke remarque que ces villes sont celles de Goethe, et câest cette apparente continuitĂ© que Wenders dĂ©construit je nâai jamais su accepter une culture qui devait sauter par-dessus une partie du passĂ©. Tout ce quâon regarde date du XIX° siĂšcle. » Wenders citĂ© par Amengual, 1997 290 Sur les paysages dĂ©sertĂ©s de Kiefer, sur les labours â les mĂȘmes que dans lâiconographie nazie â ruisselle du sang. Plus que de paysages » Ă proprement parler, il sâagit de fonds dĂ©solĂ©s ou angoissants, qui donnent figure Ă lâidĂ©e du Land, de la Terre allemande devant laquelle il convoque lâhistoire et les mythes pour les mettre Ă lâĂ©preuve de ce quâon pourrait appeler, aprĂšs Nietzsche, le tribunal de sa mĂ©moire » Arasse, 2001 138. Chez Kiefer, comme chez Wenders, la question qui sâoffre Ă nous est quâest-ce qui est tissĂ© dans le paysage ? Chez Kiefer, câest par le jeu de lâĂ©paisseur quâil nous interroge. Chez Wenders, par celui du temps, de cette surface indiffĂ©renciĂ©e, quâon ne peut investir, si ce nâest en dĂ©collant couche aprĂšs couche les strates temporelles sĂ©dimentaires. Comme chez Kiefer, lâimage est alors un volume quâil nous faut traverser. Câest la scĂšne de théùtre dâombre que Bruno et Robert improvisent pour les enfants impatients, oĂč de part et dâautre de la surface de lâĂ©cran, dialoguent les corps et les ombres, le devant et le derriĂšre, le tout Ă la façon non pas du cinĂ©ma muet allemand, mais amĂ©ricain, câest-Ă -dire ici, le burlesque. Lâimage est un volume nous avons vu comment les couches se superposent sur la surface du pare-brise, comment des images plus anciennes sont convoquĂ©es sous les images apparentes mais un volume qui se dĂ©veloppe suivant une Ă©paisseur temporelle au fil du temps, de lâHistoire, et de lâHistoire du cinĂ©ma. Il y a ici, dans le recours au cinĂ©ma des premiers temps et mĂȘme du théùtre dâombre qui lâa prĂ©cĂ©dĂ© une volontĂ© de faire table rase. Retour aux origines que Kiefer manifeste Ă©galement â de mĂȘme que le mode de fabrication laissant la part belle au hasard et aux accidents que nous avons relevĂ© plus tĂŽt Le caractĂšre Ă premiĂšre vue hĂ©tĂ©roclite de ses composants donne lâimpression que lâassemblage a laissĂ© place au hasard, Ă lâaccident, Ă lâimprĂ©vu, survenus et exploitĂ©s au cours de la fabrication ⊠Cette absence, affichĂ©e et dĂ©cidĂ©e, du savoir-faire de lâĂ©cole donne le sentiment dâun retour aux sources â et aux questions que lâart pose au moment mĂȘme oĂč il donne figure au monde » Arasse, 2006 75. Ce nâest pas pour rien quâAu fil du temps nous prĂ©sente en parallĂšle les deux protagonistes Bruno rĂ©gressant au stade de lâimprimerie, et Bruno Ă celui du cinĂ©ma des origines il colle, assemble des bouts de pellicule qui se sont dĂ©versĂ©s sur le sol de la cabine de projection. 29Georges Didi-Huberman montre combien lâimage nous concerne, nous regarde » dĂšs lors que nous ne pouvons plus lâenvisager comme simple surface Il nây a peut-ĂȘtre dâimage Ă penser radicalement quâau-delĂ du principe de surface. LâĂ©paisseur, la profondeur, la brĂšche, le seuil, et lâhabitacle. Tout cela obsĂšde lâimage, tout cela exige que nous regardions la question du volume comme une question essentielle » Didi-Huberman, 1992 61. Passer Ă travers le volume de lâimage renvoie alors ici Ă cette autre traversĂ©e celle de lâidentitĂ©. Selon Peter Buchka, la patrie est, dĂšs le dĂ©but, chez Wenders, un concept dialectique, qui dĂ©signe dans la mĂȘme mesure un lieu que lâon dĂ©sire et un lieu qui effraie » Buchka, 1986 43. Cette patrie dĂ©valuĂ©e maintient les protagonistes en oscillation entre deux Ă©tats indĂ©cidables, la quĂȘte identitaire sera alors menĂ©e sans recours Ă la patrie Etre Ă©tranger est pour moi rien dâautre que lâaccĂšs direct au concept dâidentitĂ©. LâidentitĂ© nâest pas quelque chose que lâon possĂšde dĂ©jĂ . On doit passer Ă travers les choses pour lâobtenir » Wenders citĂ© par Amengual, 1997 290. Et passer Ă travers les choses, câest passer Ă travers lâimage, passer Ă travers le paysage, y ouvrir une brĂšche. Lâattirance de Wenders pour le cinĂ©ma amĂ©ricain tient selon lui, au fait que Dans leurs images se dĂ©ployait une surface qui nâĂ©tait jamais que ce quâon pouvait y voir » Wenders, 1988 44. Le rejet que provoque le paysage allemand, câest quâil y a lĂ toujours plus que le visible des strates et des strates de culpabilitĂ© que le mythe, et câest sa fonction, a recouvert. Comme lâĂ©crit Barthes Cette Ă©vaporation miraculeuse de lâhistoire est une autre forme dâun concept commun Ă la plupart des mythes bourgeois lirresponsabilitĂ© de lâhomme » Barthes, 1970 225. Le mythe innocente, le cinĂ©ma de Wenders cherche Ă remettre Ă jour la culpabilitĂ© sous la couche dâinnocence. Ă la fin du film, nous assistons ainsi Ă une vĂ©ritable ouverture cinĂ©matographique du paysage. Robert et Bruno se sont sĂ©parĂ©s, lâun est en train, lâautre en camion, leurs trajectoires croisĂ©es ouvrent le paysage de part en part, le lacĂ©rant pour en dĂ©coller les mythes anciens ou modernes qui le dissimulent Le besoin dâoublier vingt annĂ©es, le sentiment de la faute, a fait comme un trou et on a tentĂ© de le recouvrir ⊠en assimilant la culture amĂ©ricaine. Nous lâavons recouvert avec le chewing-gum et avec les photos polaroĂŻd » Wenders citĂ© par Amengual, 1997 290. 30Câest cette brĂšche quâil faut rouvrir, et pour atteindre cette brĂšche, traverser le visible, le DonnĂ©, sans le prendre pour ce quâil est, et câest le prix de lâutopie, lĂ oĂč lâHomme peut encore espĂ©rer se constituer lui-mĂȘme Or, la racine de l'histoire c'est l'homme qui travaille, qui crĂ©e, qui transforme et dĂ©passe le DonnĂ©. DĂšs qu'il se sera saisi et qu'il fondera ce qui est sien dans une dĂ©mocratie rĂ©elle, sans dessaisissement et sans aliĂ©nation, naĂźtra dans le monde quelque chose qui nous apparaĂźt Ă tous dans l'enÂfance et oĂč personne encore n'a jamais Ă©tĂ© le Foyer Heimat » Bloch, 1991 559. Trajectoires; Au fil du temps, au grĂ© du lieu, AimĂ© Perret, Sydney Laurent Editions. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de rĂ©duction . DĂ©cliner Faire correspondre Au fil des jours, je me rĂ©conciliai dans une trĂšs grande mesure avec la personne de Bartleby. Mais, au fil des jours et des semaines, Helena observa qu'il continuait d'ĂȘtre bon avec elle. Literature Elle ne s'accoutumait pas Ă la chaleur, de plus en plus intense au fil des jours. Peggy Sue, qui l'observait, songea qu'au fil des jours il semblait de plus en plus nerveux Cameron entendait de moins en moins prononcer le nom de Lucinda au fil des jours. Au fil des jours, je retrouve ses Ă©crits de souffrance. Vous aurez Ă coup sĂ»r d'autres surprises plus positives au fil des jours. jw2019 En fait, au fil des jours, il s'Ă©tait dit qu'elle le voyait plus favorablement. Au fil des jours, des semaines, des mois, il avait vu son frĂšre moins souvent. Elle s'emplit, au fil des jours, d'une lumiĂšre sombre qui la rendait plus belle encore. Non au fil des jours, mais au fil des annĂ©es. Peu Ă peu, au fil des jours, j'ai appris leurs noms. La place de notre mĂšre dans l'espace de l'existence se rĂ©trĂ©cit au fil des jours. Les femmes du temps jadis â GĂ©raldine, Ă©crivain biographe, Ă©crivain privĂ©, biographe familiale et coach littĂ©raire Ă votre service en Lorraine, en France et dans le monde ! Et votre Vie s'Ă©crit Ă L'encre, au fil des jours⊠Restaurant Les femmes du temps jadis â GĂ©raldine, Ă©crivain biographe, Ă©crivain privĂ©, biographe familiale et coach littĂ©raire Ă votre service en Lorraine, en France et dans le monde ! Et votre Vie s'Ă©crit Ă L'encre, au fil des jours⊠2-9500317-0-6 français Au fil des jours, au grĂ© du temps Ă Guillon La Pierre-Qui-Vire Description du contenu Base patrimoine Lucette Hannequin. - 43 p. ; 16 cm DĂ©dicacĂ© par l'auteur Ă la BibliothĂšque Municipale d'Auxerre ISBN 2-9500317-0-6, Prix 30. 00 Hannequin, Lucette La Pierre-Qui-Vire, Imprimeur LABEL 00803nam 2200253 i 450 UNIMARC8 Livre 001 AU710016610 005 20021008144431. 0 010 $a 2-9500317-0-6 $d 30. 00 100 19910502d1984 m y1frea0103 ba 101 0 fre $c fre 102 FR 105 y 000ay 200 1 Au fil des jours, au grĂ© du temps Ă Guillon $f Lucette Hannequin 210 $e Saint-LĂ©ger-Vauban 89 $g La Pierre-Qui-Vire $h 1984 215 43 p. $d 16 cm 300 700 Hannequin $b Lucette $z 702 La Pierre-Qui-Vire $4 610 $z La Pierre-Qui-Vire $8 801 FR $b 890246201 $c 18501991 913 HANAFDJ99000 930 $5 890246201SX 2532 $a SX 2532 $b AU7 949 AU*AU7 $b 62 $c 150 Notes Citer ce document Exemplaires 0 Exemplaires BibliothĂšque Cote ParticularitĂ©s AUXERRE - BM SX 2532 Fonds local Blog sur lequel seront publiĂ©es mes photos d'aujourd'hui et d'hier. De ma rĂ©gion, Arlon et ses environs et mes photos de voyage. lundi 10 juillet 2017 Le paon du jour! en visite dans notre jardin cet Ă©tĂ©. Cela faisait quelques annĂ©es que nous ne l'avions pas vu! Il butine sur l'origan. PubliĂ© par Jacqueline Maquet Ă 2142 LibellĂ©s photo du jour Aucun commentaire Enregistrer un commentaire Article plus rĂ©cent Article plus ancien Accueil Inscription Ă Publier les commentaires Atom de DaragnĂšs TirĂ© Ă 162 exemplaires EUR 335, 00 Buy It Now 11d 18h Aucun exemplaire disponible Recherche avancĂ©e Accueil Chercher CrĂ©ez une demande Si vous ne trouvez pas un livre sur AbeBooks, nous le rechercherons automatiquement pour vous parmi les livres quotidiennement ajoutĂ©s au catalogue. CrĂ©ez une demande Cependant, trouver Ă tout prix de quoi publier pour "rester dans la course" n'est pas mon objectif et ne me ressemble pas. Je n'ai pas un jardin digne de pouvoir poster un article et de nouvelles photos aussi souvent que je le souhaiterai. Concernant les autres thĂšmes, il me semble que cela n'intĂ©ressera pas forcĂ©ment les personnes qui viennent Ă prĂ©sent rendre visite Ă ce blog. C'est pourquoi, le cĆur un peu lourd tout de mĂȘme je baisse le rideau... Je ne remercierai jamais assez Isabelle qui m'a poussĂ© Ă ouvrir les portes d' au fil des jours. Je ne sais pour le moment de quoi seront faits les prochains articles, ni quand, ni mĂȘme Ă quelle frĂ©quence, mais si vous souhaitez continuer Ă me suivre, vous pouvez me laisser un message. Vous m'avez suivie, encouragĂ©e, conseillĂ©e. Ce fut aussi un pur bonheur pour moi de lire vos commentaires Ă chacune de mes publications et ce, dĂšs l'ouverture de mon blog merci encore Ă toi la magicienne... . Pour tout cela, du fond du cĆur, MERCI. Je souhaite une bonne continuation Ă chacun de vos blogs tous aussi merveilleux les uns que les autres. Restaurant Au fil du temps RĂȘ de cĆur... coups de gueule peut-ĂȘtre tous les cas, ballades au travers de mes humeurs, visites, rencontres, dĂ© toujours, bien sur les plaisirs de la plongĂ©e sous-marine... Toi qui m'aide, me conseille, m'oriente lorsque j'en ai besoin... Merci Ă Toi... Vous n'arrivez pas Ă partir, Monsieur... La chambre baigne dans une odeur fĂ©tide... cette odeur... Prisonnier de ce corps qui n'est que douleur, prisonnier de ces heures qui ne sont que souffrances... Votre regard vitreux happe le mien, se jette au plus profond de mon Ăąme... Avec le dĂ©sespoir des derniĂšres heures, vous vous accrochez Ă chaque minute qui passe pour rester... encore un peu... Mais qu'attendez-vous, Monsieur?... Votre bouche n'est plus qu'un abĂźme d'oĂč s'extrait Ă grand peine le souffle crĂ©pitant qui vous lie toujours Ă nous... mais Ă quel prix... Et sous ce drap blanc, sur cette poitrine trop osseuse pour hĂ©berger votre vie, reposent vos mains... Vos mains encore fortes du travail accompli s'agrippent Ă mes mains qui tentent en vain de vous apaiser... Votre rĂąle se fait plus lourd, plus lent, plus profond... Je passe ma main trop froide sur votre main trop chaude... Les yeux engluĂ©s, enfoncĂ©s dans des orbites trop saillantes, vous regardez vers l'inconnu tandis que votre conscience reste avec nous... Au fil du temps au gre des jours 2 Album - Photos... au fil des jours... - Au fil du temps ... Au Fil du Temps ... au grĂ© des Vents ... Le paon du jour ! Le chevalier au bouclier vert questionnaire Au fil du temps au gre des jours de Beko RED45DXP Beko RED45DXP rĂ©frigĂ©rateur/CongĂ©lateur haut pose libre acier inoxydable avec double zones de tempĂ©rature - 185 cm - Acier inoxydable Au fil du temps au gre des jours aprĂšs Au fil du temps au gre des jours tv Moto moteur am6 le Les femmes du temps jadis n'avaient pas le droit de dĂ©couvrir d'autres pays, d'acheter des couleurs, de dresser leur chevalet sous la lumiĂšre des jours. Ne sachant pas lire pour la grande majoritĂ©, elles ne pouvaient pas non plus Ă©crire. Et les mots pour dire leurs joies, leurs chagrins, leurs passions, la flamme de leur Ăąme qui leur montait aux joues, ne laissaient pas de trace. EnvolĂ©s comme la lueur d'un fĂ©tu de paille au vent. Ces femmes suivaient toujours le pas d'un pĂšre, d'un frĂšre, d'un Ă©poux. Gratitude au temps d'aujourd'hui oĂč les femmes peuvent acheter toutes les couleurs et tous les pinceaux qu'elles veulent, oĂč le ciel de nouveaux paysages est Ă la portĂ©e de leur dĂ©sir⊠Le travail de la femme que je suis, auteure-biographe et j'insiste bien sur auteure » au fĂ©minin, est de poser sur la page les mots que les aĂŻeules ont prononcĂ©s pour elles seules â ces mots qui disaient si bien l'espoir et l'attente profonde que le coeur du monde change. Faire de chaque page ce chevalet oĂč se succĂšdent des tableaux que certaines ont peints en secret avant de les recouvrir d'un voile; faire Ă©clore en chacune de leur voix cette Ă©toile qui brillera au-dessus de la trace de leurs propres pas; tel est le rĂȘve, je crois, de chaque femme biographe, mĂ©tier oĂč enfin l'on ne distingue plus le masculin⊠du fĂ©minin. Pour continuer le thĂšme des lĂ©gendes catalanes voici celle du Cheval Bernat liĂ©e au Massif de Montserrat. Cette masse gĂ©ologique improbable, surgie au milieu de terres planes, s'enorgueillit de roches tourmentĂ©es aux formes surprenantes qui ont alimentĂ©... L'Ă©tĂ© 2021 a cĂšdĂ© sa place Ă l'automneâŠDrĂŽle d'Ă©tĂ©, temps incertain, poids des mesures sanitaires liĂ©es Ă la Covid 19, atmosphĂšre contrainte ou euphorique selon les lieux ou les gensâŠMon blog a sommeillĂ© mais j'ai retrouvĂ© sur mon bureau virtuel de... Lire la suite LERESTAURANT AU FIL DES JOURS VOUS ACCUEILLE DU LUNDI AU VENDREDI MIDI !! LES SOIRS ET WEK-ENDS POSSIBILITĂ DE PRIVATISER Quelques-uns deâ Katmandou Lâaccident â Au grĂ© du temps Au grĂ© du vent Au fil de lâeau Au fil des mots Bon grĂ© Mal grĂ© En majuscule En minuscule Entre les virgules Ici, se bousculent Quelques Ă©crits Instants de vie image issue du web Copyright © 2001 [carnet Ă spirales] Dany â Tous droits rĂ©servĂ©s Ă voir Ă©galement DĂ©posez dans cette boite, un mot, un sourire, une larme . Ce site utilise Akismet pour rĂ©duire les indĂ©sirables. 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Aufil des jours, au fil des pensĂ©es Fioufiou. Centerblog. Articles ; Blogs; Images; Partager sur Facebook Partager sur Twitter. Rechercher. GĂ©rer mon blog. Ajouter en ami. A propos de ce blog. Nom du blog : fioufiou Description du blog : Des mots au grĂ© du vent Au fil des jours, au fil des pensĂ©es CatĂ©gorie : Blog Journal intime Date de crĂ©ation :Adresse du blog Pour les nouvelles rĂ©centes sur Courry Les articles sont de Christian Talon sauf mention spĂ©ciale Sommaire dans cette rubrique, vous trouverez le dĂ©veloppement de quatre articles sur divers sujets - Un blog sur lâhistoire de Courry Gard⊠Courry-Clapas. - Carte dâidentitĂ© de la commune de Courry Gard. - AbrĂ©gĂ© dâhistoire un village des CĂ©vennes gardoises, Courry. - Saint-SĂ©bastien de Courry⊠Un site remarquable. Un blog sur l'histoire de Courry Gard⊠Courry-Clapas ». A l'initiative de Christian Talon, un blog Internet sur l'histoire de Courry est en cours de dĂ©veloppement. Le principal objectif est de diffuser des documents, souvent inĂ©dits, sur la vie des courriols qui, au cours des siĂšcles, ont façonnĂ© cet espace. Depuis peu de temps, l'Histoire avec un H » majuscule s'intĂ©resse Ă reconstituer l'itinĂ©raire de toutes ces gĂ©nĂ©rations qui, par un dur labeur, ont façonnĂ© la campagne française. Ce blog aborde divers sujets Ă partir de sĂ©quences relativement courtes, variĂ©es et renouvelĂ©es pĂ©riodiquement. AccĂšs au blog sous google Pour toute information complĂ©mentaire vous pouvez Ă©crire un courriel Ă ctalon30 Christian Talon effectue des recherches sur lâhistoire de Courry depuis 50 ans. Il a Ă©tĂ© le prĂ©sident-fondateur, de lâassociation Les Amis de Courry ». Buts actions pour la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine courriol. LâopĂ©ration la plus remarquable reste lâintervention pour la restauration et le classement de lâĂ©glise romane du XIIe siĂšcle. FormĂ©, pendant sa jeunesse, Ă la SociĂ©tĂ© de SpĂ©lĂ©ologie-PrĂ©histoire du Gard et de lâArdĂšche, il a participĂ© Ă de nombreuses expĂ©ditions souterraines dans les rĂ©seaux karstiques rĂ©gionaux principalement celui de la CocaliĂšre. Il a collaborĂ© Ă plusieurs missions de recherches prĂ©historiques inventaire des dolmens de la Basse ArdĂšche, prospections archĂ©ologiques, fouilles dans la grotte de Chazelles etc. Il est membre de lâassociation Font-Vive », depuis sa crĂ©ation, avec la participation au projet du Parc National des CĂ©vennes », adhĂ©rent originel du Lien des Chercheurs CĂ©venols »⊠.Auteur dâune monographie sur L'Ăglise de Courry » et dâun Guide de Courry ». Il diffuse, sur Internet, des Ă©lĂ©ments sur lâ Histoire de Courry ». Si le cĆur vous en dit, vous pouvez lâaider par votre savoir, sur le sujet, en signalant des documents papiers de famille, cartes postales, photos de famille, bibliographieâŠ. Quartiers du "Village" et de la "Croix des Parents avec la Mairie et l'Eglise Carte dâidentitĂ© de la commune de Courry â Gard Pays France RĂ©gion Languedoc-Rousillon DĂ©partement Gard PrĂ©fecture NĂźmes Arrondissement AlĂšs Sous-prĂ©fecture Canton Saint-Ambroix Groupement communautĂ© de communes CĂšze CĂ©vennes » Commune COURRY Code postal 30500 Code INSEE 30097 Maire Jacques Sanphilippo Mandat 2014 - ? Superficie 822 ha = 8,22 km2 Population 318 habitants 2011 Superficie de la chĂątaigneraie 176 ha Longitude 04° 09â 23ââ Est Latitude 44° 18â 00ââ Nord Altitude - Moyenne 357 m - Minimale 198 m - Maximale 516 m Monuments-Sites - Eglise romane du XIIe siĂšcle. - Domaine et grotte de la CocaliĂšre - Site et chapelle de Saint-SĂ©bastien - 24 dolmens ou coffres mĂ©galithiques - 1 four Ă pain banal plusieurs privĂ©s - Nombreux fours Ă chaux privĂ©s - Inclu dans le Parc National des CĂ©vennes par dĂ©cret du 8 novembre 2013 Une belle cuillette de "boulets" cĂšpes effectuĂ©e dans la chĂątaigneraie de Courry AbrĂ©gĂ© d'histoire, un village des CĂ©vennes gardoises COURRY Un site rĂ©putĂ© la grotte de la CocaliĂšre Aux confins du Gard et de l'ArdĂšche blotti dans le piĂ©mont cĂ©venol le village de "Courry" a, aussi, son brevet d'anciennetĂ© depuis la prĂ©histoire. Proche de Saint-Ambroix et Ă l'Ă©cart de la route dĂ©partementale D904 pendulaire AlĂšs-Aubenas il est peu connu, voire ignorĂ© d'une majoritĂ© de gens. La dĂ©couverte d'un important rĂ©seau karstique dans le sous-sol de la commune a permis d'ouvrir au public, depuis 1967, un tronçon touristique connu sous le nom de "Grotte de la CocaliĂšre". Cette cavitĂ© dĂ©nommĂ©e, parfois, "perle des CĂ©vennes" a pour Ă©crin le territoire de Courry. RĂ©fĂ©rences Grotte de la CocaliĂšre, TĂ©l. 04 66 24 34 74 - Site Internet Carte postale de la CocaliĂšre, premiĂšre Ă©dition, 1967 A la croisĂ©e des chemins. Les observations archĂ©ologiques et lâĂ©tude des anciens chemins permettent de penser que le village de Courry a vu le jour par une fixation de ses premiers occupants le long dâanciennes voies. Les principales sont La draille du Languedoc » qui canalisait la transhumance des ovins, vers le Mont LozĂšre. La Vieille route » oĂč transitaient de nombreux Ă©changes commerciaux ou militaires entre les plaines mĂ©diterranĂ©ennes et le massif central. Au grĂ© des mutations politiques, elle deviendra Chemin Royal », Chemin ImpĂ©rial », Route Nationale 104 » pour finir par lâactuelle dĂ©nomination DĂ©partementale 904 ». Une voie peu connue mais qui subsiste sous forme de tĂ©moins partiels Le Chemin Muletier » qui se dĂ©roulait le long du thalweg de la chĂątaigneraie. La caractĂ©ristique dâimplantation des maisons du village sâobserve au travers de constructions en chapelet », des mas et des hameaux, qui sâĂ©grĂšnent le long dâune dorsale principale complĂ©tĂ©e par des voies secondaires. Au Serras la route de Saint-Paul-le-Jeune recoupe lâancienne draille du Languedoc vue aĂ©rienne Deux espaces gĂ©ographiques. Ce village se distingue par deux espaces gĂ©ographiques diffĂ©rents. Dâun cĂŽtĂ©, du sud Ă lâouest, une chaĂźne de Serres qui culmine jusquâĂ 514 m dâaltitude. Elle est couverte par une forĂȘt de chĂątaigniers[1]. Pendant des siĂšcles, la culture de ces arbres a reprĂ©sentĂ© lâĂ©conomie primordiale de ce territoire inclus dans le massif cĂ©venol. Vue prise des Fortunelles Font Longue â ChĂątaigniers Ă gauche, garrigue Ă droite. Le cĂŽtĂ© nord-est, avec une altitude moyenne de 260 m, fait parti de lâimportant plateau calcaire, couvert par la garrigue, Ă cheval sur la Basse ArdĂšche et le Haut Gard. Ce maquis aux essences mĂ©diterranĂ©ennes buis, cades, chĂȘnes kermĂšs, thym ⊠dĂ©tient, en son sein, des Diamants noirs » avec des gĂźtes Ă Tuber mĂ©lanosporum » ou truffes du PĂ©rigord. Pendant des siĂšcles lâacharnement du travail de lâhomme, mĂ©morisĂ© par les rompudes[2] », a créé des lopins de terre parmi les bancs rocheux omniprĂ©sents. Cette obstination, caractĂšre essentiel des cĂ©venols, a maintenu un verger oliviers, mĂ»riers, vignes, amandiers⊠complĂ©ment nutritif, non nĂ©gligeable, aprĂšs la chĂątaigne. La rĂ©cession agricole, commencĂ©e avec lâarrivĂ©e de la rĂ©volution industrielle, ponctuĂ©e par des flĂ©aux naturels successifs disparition de la vigne attaquĂ©e par le phylloxĂ©ra Ă partir de 1863, gel des oliviers en 1956, abandon des mĂ»riers suite Ă la rĂ©gression de la sĂ©riciculture, mĂ©canisation de lâagriculture impossible en ces lieux. Toutes ces calamitĂ©s ont donnĂ© raison Ă la nature pour reprendre ses droits. Des dolmens Ă lâĂ©poque gallo-romaine. MalgrĂ© lâoccupation temporaire de la garrigue, les anciens » ont respectĂ© lâimplantation des tombes prĂ©historiques. Courry a le privilĂšge de compter vingt-quatre coffres mĂ©galithiques[3] de lâĂ©poque chalcolithique - 2300 Ă â 1800 ans avJC. Pour la pĂ©riode gallo-romaine, une ruine, aujourdâhui disparue, a permis de mettre en Ă©vidence un Ă©tablissement rural oĂč se pratiquait lâĂ©levage du mouton. Ce site a livrĂ© de nombreux tessons de poterie, des piĂšces de monnaie sâĂ©chelonnant de lâĂ©poque romaine au XIIIĂšme siĂšcle et une quantitĂ© de fusaĂŻoles contrepoids en pierre dâune quenouille. Dolmen dans les Bois de Courry Un manuscrit du Xe siĂšcle. Le document Ă©crit le plus ancien, connu actuellement, remonte en lâan 950. Il prĂ©cise dâaprĂšs la Charta vĂ©tus »[4] ou Recueil de chartes anciennes » que Ennus, Ă©vĂȘque du Vivarais, possĂšde trente fermes Ă Courry Currio. Depuis ces temps ancestraux Courry se trouve rattachĂ© au Vivarais. Il formait avec les communautĂ©s de Banne, Brahic et Malbosc La presquâĂźle du Vivarais »[5]incluse dans le territoire de lâUzĂȘge. Une Ă©glise du XIIe siĂšcle. Du XIIe siĂšcle, lâĂ©glise a conservĂ© lâessentiel de son architecture primitive avec son abside en cul de four ornĂ©e, surmontĂ©e en extĂ©rieur, dâune remarquable corniche Ă modillons. Le mur de façade de ce monument est coiffĂ© dâun clocher peigne. Les spĂ©cialistes attribuent cet Ă©difice au roman auvergnat fin du XIIĂšm siĂšcle[6]. A partir de cette pĂ©riode les textes anciens mettent en Ă©vidence le rattachement de la paroisse de Courry Ă lâabbaye de Bonnevaux[7], sous tutelle des chanoines de lâordre de Saint Ruf, elle-mĂȘme dĂ©pendante de lâĂ©vĂȘque du Vivarais. Pendant six siĂšcles la communautĂ© courriole dĂ©pendra de lâancien diocĂšse du Vivarais qui se nomme aujourdâhui ArdĂšche. Cette situation sera profondĂ©ment modifiĂ©e aprĂšs la RĂ©volution Française avec la crĂ©ation des dĂ©partements 1792. Courry deviendra commune gardoise. Ancienne carte postale de Courry avec plusieurs vues sur lâĂ©glise. Un document fiscal de 1464. Au XVe siĂšcle, un manuscrit trĂšs intĂ©ressant LâEstime[8] de 1464 »[9] donne une description assez prĂ©cise, du village, avec les noms des habitants, les types de cultures, les noms de lieux etc. Ce document met en Ă©vidence la composition dâune communautĂ© essentiellement rurale avec pour Ă©conomie principale la culture de la chĂątaigne. Par lĂ -mĂȘme, le village de Courry se retrouve inclus dans le territoire des CĂ©vennes. 1792⊠La victoire de Courry. Avant dâaborder lâaspect Histoire contemporaine », un fait marquant, du Bas Vivarais, mĂ©rite un dĂ©veloppement. Une tentative contre-rĂ©volutionnaire de royalistes, sorte de chouannerie, prirent par les armes le chĂąteau de Banne. Devant cette rĂ©bellion, les assemblĂ©es rĂ©volutionnaires du Gard et de lâArdĂšche ne tardĂšrent pas Ă rĂ©agir. Elles prĂ©parĂšrent la troupe pour mater ce mouvement dâĂ©meute. Le onze juillet 1792, le groupe pro-royaliste, composĂ© de quatre cents hommes, se posta dans les bois de Courry pour tendre une embuscade Ă un dĂ©tachement de lâarmĂ©e rĂ©volutionnaire qui venait Ă sa rencontre. Le combat fut acharnĂ©. LâarmĂ©e du Gard dut user du canon contre les insurgĂ©s. Une grande partie des rĂ©fractaires pĂ©rit au cours de cet affrontement dont un des chefs Monsieur le Chevalier de Melon ». De nombreux villages, du sud ardĂ©chois, subirent la foudre des armĂ©es rĂ©volutionnaires. Quelques jours aprĂšs, le chĂąteau de Banne sera dĂ©mantelĂ© et le chef principal de cette rĂ©bellion, le Comte de Saillans », sera massacrĂ©, aux Vans, Ă coups de sabre le vingt deux juillet 1792. Ce sanglant accrochage restera gravĂ©, dans les annales historiques, sous la dĂ©nomination de Victoire de Courry ». AprĂšs La Victoire de Courry »⊠Lâincendie du chĂąteau de Banne, 1792 Des mutations aprĂšs la RĂ©volution. AprĂšs les pĂ©riodes de troubles, comme tous les villages de France et de Navarre », Courry conserve ses activitĂ©s rurales au travers des multiples vicissitudes du temps. Son agriculture reste toujours Ă la limite du prĂ©caire malgrĂ© son implantation gĂ©nĂ©ralisĂ©e sur la totalitĂ© de son territoire. Il doit, en parallĂšle, confronter les nombreuses Ă©pidĂ©mies et la forte charge des impĂŽts. La RĂ©volution le marque profondĂ©ment avec lâabandon du Vivarais et son rattachement au dĂ©partement du Gard. Des mutations profondes sâenclenchent avec la prospection miniĂšre dans la rĂ©gion. Dans le village plusieurs exploitations de minerai de fer verront le jour mais les gisements trop lenticulaires seront de courte durĂ©e. Les mineurs paysans se convertissent dans les mines de charbons environnantes. Suivra la litanie des causes dâabandon de la terre avec la mĂ©canisation agricole peu adaptĂ©e aux terrains caillouteux, le dĂ©part des filles vers les filatures, lâhĂ©morragie des jeunes hommes avec la guerre de 14, lâattraction des grandes villes pour la recherche dâun emploi sĂ»r et une vie plus confortable. Ensuite, tout se prĂ©cipite avec la motorisation, les moyens de communications, lâattrait des loisirs, les Ă©tudes longues pour les jeunes. Site remarquable de Saint-SĂ©bastien Une des collines dominantes, de Courry, porte le nom de site de Saint-SĂ©bastien. Ce promontoire panoramique fait parti des curiositĂ©s de la rĂ©gion avec sa chapelle nĂ©o-romane Ă©rigĂ©e en 1722. Depuis 1989, deux demi-tables dâorientation gĂ©ologique, placĂ©es Ă lâinitiative de la mairie, renseignent les visiteurs sur les sommets environnants et sur les diffĂ©rentes formations gĂ©ologiques du terroir courriol. Cette hauteur reste un domaine prisĂ© pour la pratique du parapente. Une piste de dĂ©collage, face au nord, fait lâobjet dâune activitĂ© intense aux beaux jours. Ce belvĂ©dĂšre est, aussi, un passage de sentiers de randonnĂ©es. De nombreux clubs de marche ou des particuliers arpentent, souvent, cette montagne autant pour le point de vue que pour lâattrait sportif au milieu dâune garrigue odorante. MĂȘme les chasseurs gardois ou ardĂ©chois frĂ©quentent ce site pour tirer le sanglier ou le chevreuil. Chapelle de Saint-SĂ©bastien construite en 1722 OriginalitĂ© signalĂ©tique. La dĂ©couverte du village est facilitĂ©e grĂące Ă une signalĂ©tique originale des quartiers et des hameaux. Des plaques, sur cĂ©ramique, portent le nom des diffĂ©rents lieux accompagnĂ© dâune image thĂ©matique. Cette rĂ©alisation et son financement ont Ă©tĂ© effectuĂ©s Ă lâinitiative de lâassociation Les Amis de Courry » pour conserver la toponymie traditionnelle. Le flambeau vient dâĂȘtre repris par lâassociation Le plateau des Gras ». Une Ăšre nouvelle. Aujourdâhui, une nouvelle communautĂ© supplante la traditionnelle. Les paysans frustes dâautrefois, hĂ©ritiers, dâune langue ancestrale, ne parlaient que le patois. Ils ont laissĂ© la place aux retraitĂ©s du baby-boom » conservateurs de quelques parcelles de chĂątaigniers et dâoliviers entre deux voyages touristiques, aux jeunes couples qui travaillent dans les villes voisines et aux europĂ©ens », attirĂ©s par le soleil et le charme de la rĂ©gion, restaurateurs des vieux mas et constructeurs de piscines. Ainsi se poursuit lâhistoire des courriols au travers de la mutation immuable du temps. [1] Voir association CastanĂ©a » promotion du chĂątaignier â C. et F. Hugerot - Le Mahistre - 30500-Courry. [2] Travail qui consistait Ă fractionner, avec des outils manuels, des bancs rocheux pour les transformer en blocs portables. Les rompudes » traduisaient les difficultĂ©s physiques de ce labeur proche de celui des bagnards. [3] Voir association Le Plateau des Gras » - C. Bouvet - Croix des Parents-30500-Courry. [4] Histoire du Vivarais » de J. Rouchier â 1914. [5] DiocĂšses EcclĂ©siastiques du Gard de 390 Ă 1790 » de Germer-Durand, 1868. [6] Monographie LâĂ©glise de Courry â Gard » de C. Talon 1981. [7] Livres terriers de Bonnevaux » de Vidal â Annales du Midi [8] Inventaire, des biens roturiers, Ă©tabli pour le calcul de lâimpĂŽt. [9] Archives de lâArdĂšche. Saint-SĂ©bastien de Courry... Un site remarquable. La chapelle altitude 447m. L'origine de ce sanctuaire a pour signification, d'aprĂšs la tradition orale, d'une reconnaissance des habitants de la rĂ©gion envers Saint-SĂ©bastien pour leur protection contre la grande Ă©pidĂ©mie dite "Peste de Marseille". Cette maladie contagieuse avait fait de nombreuses victimes, dans le Midi de la France, au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle. Une autre raison s'explique, aussi, par une politique de reconquĂȘte, de la religion catholique aprĂšs les troubles des guerres de religions dans les CĂ©vennes. De nombreux jĂ©suites, envoyĂ©s par le roi Louis XIV, avaient pour mission de rĂ©tablir et de consolider la foi catholique dans la rĂ©gion. La construction de cette chapelle est due Ă l'initiative d'un jĂ©suite, le PĂšre Chamboul, "Missionnaire royal de la compagnie de JĂ©sus", curĂ© de Courry de 1721 Ă 1725. La population courriole gardait le mauvais souvenir de la destruction partielle de son Ă©glise, par les Camisards, en de l'extĂ©rieur, cet Ă©difice de style nĂ©o-roman a Ă©tĂ© construit, en 1722, sur une rĂ©plique rĂ©duite du plan de l'Ă©glise de Courry. L'ensemble de la construction est maçonnĂ© en pierre calcaire, du lieu, liĂ©e Ă la chaux du "pays". Un clocher arcade, Ă une cloche, prolonge le mur de façade. La toiture d'origine, en tuile canal, fragile au vent a Ă©tĂ© remplacĂ©e par une couverture en tuiles mĂ©caniques plates. La sacristie, cĂŽtĂ© sud-est, conserve son couvert en tuiles traditionnelles La cloche actuelle a Ă©tĂ© placĂ©e dans le clocher, en 1822, Ă l'occasion du centenaire de ce sanctuaire. Au cours de recherches sur l'histoire de Courry, j'ai eu la surprise de retrouver un extrait de testament qui mentionne un legs en faveur de l'acquisition d'une cloche pour Saint SĂ©bastien archives familiales de madame Gilette Roux. Extrait "Aujourd'hui vingt huit novembre Antoine Combe des Armas sic, Hermas s'est prĂ©sentĂ© devant nous soussignĂ© lequel dit Combe nous a dĂ©clarĂ© vouloir acquitter un lĂ©gat en faveur de St. SĂ©bastien fait par feu Marie Gras sa femme dans son testament en la date et quoique le dit testament porte que le dit lĂ©gat ne sera payĂ© qu'aprĂšs la mort du dit Combe celui-ci a Ă©tĂ© invitĂ© par la nĂ©cessitĂ© qu'il y a d'aider Ă payer la cloche qu'on a fait venir d'Alais qui coĂ»te mille francs, entendu le dit Combe que lui et les siens seront valablement libĂ©rĂ© du dit lĂ©gat fait Ă Courry par nous prĂ©sident des Marguillers1 le vingt huit novembre mille huit cent vingt deux. Murjas prĂȘtre...". 1 Les Marguillers Ă©taient une association d'hommes qui gĂ©rait les biens de l'Ă©glise. Cette corporation disparaĂźtra avec la loi de sĂ©paration de l'Ă©glise et de l'Ă©tat en 1905 Depuis bientĂŽt trois siĂšcles, cet Ă©difice a marquĂ© l'histoire locale. Point d'observation et de rassemblements des "Royalistes" en 1792, les "RĂ©volutionnaires" avaient donnĂ© l'ordre, aux habitants du hameau de la Pierremorte, de dĂ©molir le bĂątiment. L'Ă©volution des courants politiques a eu raison de sa conservation. Tout au long des XVIIIe et XIXe siĂšcles, la chapelle a fait l'objet de pĂšlerinages avec pour thĂšmes "La guĂ©rison des enfants malades", "La protection contre la sĂšcheresse", "La fĂȘte des mineurs" et par tradition annuelle, le rassemblement des catholiques du Haut-Gard et de la Basse-ArdĂšche. En aoĂ»t 1944, un avion de reconnaissance hitlĂ©rien avait repĂ©rĂ© la prĂ©sence d'hommes armĂ©s autour de la chapelle. Sur la route N104, l'avant-garde d'une colonne blindĂ©e allemande s'Ă©tait positionnĂ©e au niveau de "La Pierre PlantĂ©e" monolithe qui, avant 2007, matĂ©rialisait la limite du Gard et de l'ArdĂšche. Un char a tirĂ© plusieurs coups de canon vers la chapelle et vers le village de Courry. Pour le sanctuaire, trois impacts d'obus se remarquaient sur l'extĂ©rieur de l'abside et sur le rebord de la toiture avant les travaux des annĂ©es 50. Des entretiens pĂ©riodiques maintiennent la chapelle contre les attaques du temps et des hommes. L'endroit se trouve exposĂ© Ă la foudre des violents orages d'Ă©tĂ©. Le clocher a subi, Ă maintes reprises, des dĂ©gradations. Cet ouvrage a, partiellement, fait l'objet de restaurations plus ou moins habiles. Mais, qu'Ă cela ne tienne! La chapelle de Saint-SĂ©bastien est, toujours lĂ , cambrĂ©e sur la colline du mĂȘme nom. La façade vers le Gard et le choeur vers l'ArdĂšche, elle reste le symbole de la foi qui l'a construite et un site de plĂ©nitude pour les hommes, de ce XXIe siĂšcle, Ă la recherche d'un "Haut-lieu". Panorama, ciel, soleil et nature sauvage reposent le corps et soulagent l'esprit. Pour vivre pleinement ces moments d'Ă©motion venez contempler un lever de soleil vers le RhĂŽne, un coucher de l'Astre derriĂšre le Mont-LozĂšre ou une nuit Ă©toilĂ©e sous la voĂ»te cĂ©leste. Alors... Vous serez amoureux de ce sanctuaire cĂ©venol. Parapentes. Pour les adeptes de la "lĂ©vitation artificielle" le site de Saint-SĂ©bastien, depuis quelques annĂ©es, est devenu un "site nord" pour les fĂ©rus du parapente. Certains jours, vous verrez ces grands oiseaux dĂ©coller Ă proximitĂ© de la croix de Saint-Fabien. Ces sportifs ailĂ©s planent, Ă des altitudes changeantes, au grĂ© des courants ascendants ou descendants. Ils se posent soit sur une aire d'atterrissage situĂ©e prĂšs de la D904 soit ils reviennent se placer sur l'aire de dĂ©collage. Dans les deux cas, ils sont toujours en ArdĂšche. "Le Site de Saint-SĂ©bastien". La montagne avec sa chapelle, sa croix de Saint-Fabien, ses tables d'orientation, ses rochers ruiniformes, son panorama exceptionnel, sa nature sauvage forment un site reconnu mais non classĂ© pour le moment. La ligne de crĂȘte supĂ©rieure dĂ©limite les dĂ©partements du Gard et de l'ArdĂšche. Le versant mĂ©ridional vous fait dĂ©couvrir l'ensemble de la commune de Courry avec de minuscules agglomĂ©rations dispersĂ©es dans son massif de chĂątaigniers et sur son plateau calcaire. A partir de cette commune, la rĂ©gion Languedoc-Roussillon sâĂ©tire, sur quatre-vingts kilomĂštres, jusquâĂ la MĂ©diterranĂ©e. Au nord-est, vous dominez un immense plateau, situĂ© en RĂ©gion RhĂŽne-Alpes, avec au nord les montagnes du Tanargue et du Coiron qui forment un barrage perpendiculaire Ă la VallĂ©e du RhĂŽne. Par temps clair et bien dĂ©gagĂ© vous pouvez apercevoir le Mont Ventoux 1 912m et parfois le massif du Mont Blanc. Vers le nord-ouest, le Serre de Barri surplombe la ville des Vans et sâĂ©tire vers le Mont LozĂšre avec le Pic Cassini 1680 m dominant. En hiver, et bien souvent au printemps, les cimes enneigĂ©es de ces massifs forment un diadĂšme blanc autour de cette pittoresque rĂ©gion. Tables d'orientation. De chaque cĂŽtĂ© de la chapelle vous pouvez accĂ©der au deux demi-tables d'orientation touristique et gĂ©ologique. Cette rĂ©alisation date de 1989. Elle est le fruit d'une Ă©troite collaboration entre la commune de Courry, la rĂ©gion Languedoc-Roussillon, l' Ecole Nationale SupĂ©rieure des Techniques Industrielles et MiniĂšres d'AlĂšs Ecole des Mines, du Centre Culturel Scientifique et Technique d'AlĂšs, de l'Association GĂ©ologique d'AlĂšs et de sa RĂ©gion. Sur les socles en Ă©maux, vous lirez les dĂ©tails des descriptifs en prenant garde de rectifier certaines visĂ©es lĂ©gĂšrement dĂ©calĂ©es. En consultant les graphismes de ces tables, vous aurez la possibilitĂ© de dĂ©couvrir lâhistoire gĂ©ologique des parties visibles des trois dĂ©partements environnants le Gard, lâArdĂšche et la LozĂšre. Point gĂ©odĂ©sique. Sur le sol, Ă deux ou trois mĂštres avant la porte de la chapelle est fixĂ© un goujon repĂšre, en bronze, gravĂ© d'une croix dans un cercle. Cette marque fixĂ©e par les gĂ©ographes, Ă la fin du XIXĂšme siĂšcle, servait de jalon pour effectuer les visĂ©es au thĂ©odolite. L'appareil posĂ© sur un trĂ©pied Ă©tait centrĂ© Ă l'aide d'un fil Ă plomb dont la pointe devait coĂŻncider avec le centre de la croix du point gĂ©odĂ©sique. Ce travail effectuĂ© entre, 1833 et 1888, a permis de rĂ©aliser, entre autres, la "Carte d' Etat Major" du secteur et le "Plan cadastral". Les points gĂ©odĂ©siques servaient aussi, avant de commencer la cartographie d'un espace, Ă dĂ©finir les coordonnĂ©es gĂ©ographiques de latitude et de longitude pour y rattacher les points observĂ©s. Les rochers ruiniformes Les Roncs. Avant de quitter ce sommet vous pouvez visiter les falaises rocheuses qui surplombent la route dĂ©partementale 904. Faites attention les escarpements sont dangereux principalement pour les enfants. Ce site a failli disparaĂźtre avec un projet de carriĂšre en 1986. Le plan prĂ©voyait l'exploitation de la pierre sur le versant ardĂ©chois de la montagne de Saint-SĂ©bastien. La prise de conscience collective Ă travers l'action de l'association "Les Amis de Courry", de la municipalitĂ© courriole et de la direction de la CocaliĂšre a fait avorter le projet. La peur du loup Nous ne pouvons pas quitter ce hameau Les Thomases sans rappeler l'histoire des derniers loups qui hantaient, encore, la rĂ©gion au dĂ©but du XIXĂšme siĂšcle. Voici la copie d'un extrait de l'Ă©tat civil "L' an 1815 et le 9 aoĂ»t, sont comparus devant nous Cosme Damien Boissier ou Boissin ?, maire de la commune de Courry, faisant les fonctions d' officier public, Jean Rainard, cultivateur, du lieu des Thomases, ĂągĂ© de 60 ans, et Jacques Rainard, son fils, ĂągĂ© de 39 ans, lesquels nous ont exposĂ© qu' hier, sur les sept heures du soir, Rose Rainard, ĂągĂ©e de 6 ans, fille du premier dĂ©clarant, fut enlevĂ©e par un loup farouce sic au lieu dit des Thomases, et qu' au mĂȘme instant, l'on entendit Rose Thibon, femme de Michel Plagnol, qui criait au secours. Le dit Rainard pĂšre, et autres personnes en grand nombre coururent Ă sa poursuite, et, comme c'Ă©tait le dĂ©clin du jour, malgrĂ© toutes les recherches exactes, ils ne purent rien apercevoir; que ce matin, Ă l'aube du jour Jean Rainard, Joseph-FĂ©lix Galdin, Jacques Chazal, officier municipal, et autres, se sont rendus Ă la mairie pour aller faire de nouvelles dĂ©couvertes, afin de pouvoir dĂ©couvrir la bĂȘte, et, qu' aprĂšs plusieurs recherches, le dit Chazal, officier municipal, a aperçu dans un ? de piĂšce herme la tĂȘte de l'enfant, les entrailles et trois cĂŽtes qu' ils ont pliĂ© dans sa chemise toute teinte de sang, lesquels nous ont reprĂ©sentĂ© tout ce dessus, et qu' aprĂšs la vĂ©rification que j'en ai faite, je me suis pleinement convaincu que c'Ă©tait la lĂ©gitime enfant de Jean Rainard et de Marie Argenson, mariĂ©s. De tout quoi nous dit maire avons donnĂ© acte...". La peur du loup passe, aujourd'hui, pour une lĂ©gende dans les comptines dâenfants mais il y a un peu moins de deux cents ans cette crainte avait sa raison dâĂȘtre. Cette pĂ©riode des loups dans la rĂ©gion, avec de nombreuses victimes, a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e par l'abbĂ© Maurice AndrĂ© historien du Bas-Vivarais. Vue gĂ©nĂ©rale de Courry carte postale ancienne
Traductionsen contexte de "au gré du jour" en français-anglais avec Reverso Context : Ce champ de couleurs éclatantes, visible de la rue, invite les passants à s'aventurer dans un dédale de panneaux de verre polychrome pour prendre part à ce tableau d'ombres en mouvement que le soleil anime au gré du jour.
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